Pourparlers de Kampala : l’espoir d’un accord final s’effrite

Mardi 1 Octobre 2013 - 16:30

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À ce jour, les discussions achoppent notamment sur les questions de la réintégration des rebelles au sein des Fardc et du devenir des leaders politiques du M23.

Reprises depuis le 10 septembre dernier sur une recommandation des chefs d’État de la Conférence internationale pour la région  des Grands lacs (Cirgl), les négociations de Kampala pataugent ou mieux s’enlisent. Le délai de quatorze jours prescrit par la Cirgl pour en finir avec les travaux lancés en décembre 2012 est largement dépassé. On en est aujourd’hui au vingt-troisième jour, depuis la reprise des pourparlers, sans parvenir à un compromis autour de l’accord final. La facilitation ougandaise paraît elle-même dépassée par les événements au regard des positions diamétralement opposées de deux parties qui refusent de se faire des concessions.

À New-York où s’est tenue la 68e session ordinaire de l’Assemblée générale des Nations unies, aucun signal fort en termes de pression censée pousser les parties en présence à conclure rapidement un accord n’a été perçu. En lieu et place, la communauté internationale s’est perdue dans des considérations générales sur fond des déclarations de soutien au processus de paix enclenché à Kampala. À en croire des sources sur place, les discussions achopperaient sur trois questions principales, à savoir la réintégration à minima des rebelles du M23 au sein des Fardc, l’amnistie à accorder aux rebelles pour des faits insurrectionnels qu'on leur a  reprochés et le devenir des leaders politiques de la rébellion. Alors que le gouvernement croyait avoir vidé toutes les questions soulevées par la rébellion en rapport avec l‘application de l’accord du 23 mars, le M23 est revenue sur la sellette avec de nouvelles revendications.

À propos de la réintégration de ses éléments au sein des Fardc, la position du gouvernement est claire à ce sujet : toute personne ayant participé à « plus d'une mutinerie ou mouvement insurrectionnel » ne sera plus incorporée dans les Fardc. Il en est de même des auteurs présumés de crimes graves et de tous ceux qui sont impliqués « dans la chaîne de l'exploitation illicite des ressources naturelles de la RDC ». Au sujet de l’amnistie des rebelles du M23, le gouvernement a déclaré ne pas s’y opposer mais qu’il examinera la situation au cas par cas de sorte que « personne au sein de ce groupe armé assume la responsabilité de ses actes ». Quant à l’avenir des leaders rebelles, Kinshasa ne semble pas en faire une préoccupation d’autant plus que l’option a déjà été levée selon laquelle la RDC ne pouvait plus se permettre de donner une prime à ceux qui prennent les armes. Des vues que refuse d’avaler la rébellion qui, non seulement rêve de l’incorporation de ses cadres au sein de l’armée régulière tout en caressant l’idée de déclarer l’Est de la RDC une « zone sinistrée » afin de booster son développement avec la perspective d’intégrer dans son administration quelques responsables rebelles.

Aux revendications des rebelles, il faudrait ajouter le retour des refugiés et des déplacés internes, la traque des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) et de tous les autres groupes armés qui pullulent dans le Kivu. C’est dans cet imbroglio que se négocie la fin des pourparlers de Kampala qui tend à installer un langage des sourds entre les deux parties. Afin de prouver son intransigeance face à la perspective de réintégration des éléments du M23 au sein des Fardc, le gouvernement venait, il y a peu, de publier une liste de d’au moins 78 commandants du M23, non éligibles à cette intégration, que la RDC identifie comme des ressortissants rwandais. Pour le M23, le gouvernement devrait se garder de faire des déclarations intempestives susceptibles de mettre de l’huile au feu.

À tout prendre, personne ne sait dire aujourd’hui comment et quand pourront s’achever les négociations de Kampala. La facilitation ougandaise a décidément du pain sur la planche.

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

La délégation du M23 à Kampala