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Pourquoi interner des malades dans des paroisses ?

Lundi 6 Novembre 2017 - 10:51

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Selon le commun des mortels, cette pratique a plus de conséquences déplorables que des avantages. Elle fait appel à une autre interrogation qui est la suivante : des églises, des assemblées religieuses ou des paroisses seraient-elles devenues ipso facto des structures hospitalières susceptibles d'interner des malades pour des observations bio-métaboliques  et des soins appropriés en rapport avec la gravité de la pathologie ?

Et portant, le lieu idéal quand quelqu'un est souffrant semble être la structure hospitalière. Mais que constatons-nous le plus souvent dans certaines familles ? quand un membre de la famille tombe malade, naît du coup une dispute sur le lieu où le conduire. Les uns préfèrent chez les « nganga », marabouts, féticheurs, magiciens et autres. Les autres optent radicalement pour l’internement à la paroisse où dans une assemblée qui a une notoriété soutenable et, semble-t-il, qui a déjà soigné autant de cas. Enfin, une tierce voix moins écoutée, qui peut être celle des amis et connaissances, opte pour l’hôpital.

À dire vrai, ce sont des options des parents, c’est-à-dire des membres de la famille qui triomphent. D’abord chez les « nganga » et le plus souvent, cela ne produit aucun effet positif. Ensuite chez le pasteur, c’est-à-dire dans une assemblée où une paroisse dont certains membres de la famille seraient des fidèles. Sans retenue aucune, la hiérarchie de cette assemblée religieuse prend quand même le risque d’interner la personne d’autrui. Et la phrase qui revient souvent est : « C’est de l’envoûtement par des esprits malins, donc il faut le désenvoûtement ». Cela peut prendre des semaines, des mois voire même une année sans une vraie guérison au moment où le malade est rongé par son mal.

C’est pourquoi, on assiste parfois à  des disputes rangées entre les parents du malade et ses amis et connaissances. Ces derniers s’embêtent de voir leur camarade être pris en otage dans ce genre d’églises qui sont devenues presque des structures hospitalières. Ici, les prières remplacent les doses de médicaments à administrer aux malades. On a dans ces lieux, chaque jour, trois à cinq séances de prière, semble-t-il, pour chasser le mauvais esprit qui malmène le malade. Encore que, disons-le sans langue de bois, le malade souffrirait d’une pathologie que l’hôpital pourrait rapidement diagnostiquer et soigner.

Prenons le cas d'un enfant qui souffrirait d'un pied bot. Alors que la médecine à travers ses spécialités de kinésithérapie peut redresser le pied par des opérations chirurgicales osseuses, certains parents n'hésitent pas à conduire l'enfant dans des paroisses pour des séances de prière. Il est vrai que comme élément de réconfort moral, la prière peut galvaniser le mental du malade. Mais la privilegier au détriment de la médecine moderne est une erreur que commettent de nombreuses familles. Les pasteurs de ces assemblées devraient s'abstenir de recevoir des personnes malades pour des guerisons miracles lorsqu'ils savent que certaines pathologies ne peuvent être traitées que dans des hôpitaux.

 

Faustin Akono

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Édition Quotidienne (DB)

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