Présidence du CNSA : Joseph Olenghankoy ne fait pas l'unanimité

Lundi 24 Juillet 2017 - 16:37

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La composition du Conseil national de suivi de l'accord (CNSA) du 31 décembre 2016 a été annoncée le 22 juillet avec, à sa tête, le président des Fonus. Les réactions n'ont pas tardé, allant dans tous les sens…

Les observateurs avertis l’avaient pressenti. L’aile dissidente du Rassemblement avec Joseph Olenghankoy à sa tête était bien partie pour rafler la présidence du Conseil national de suivi de l'accord (CNSA) du 31 décembre 2016. En l‘absence de l’aile Limete qui s’est éjectée du processus pour non respect de l’accord de la Saint-Sylvestre, la voie était ainsi balisée pour l’enfant terrible des Fonus de voir ses rêves enfin se concrétiser. Fort du soutien de la majorité prête à tout lui offrir sur un plateau d’argent au nom de ses intérêts, le Rassop/Kasa-Vubu qui, déjà, gère la primature à travers Bruno Tshibala était bien positionné pour s’offrir également la présidence du CNSA, poste qui au terme de l'accord était censé revenir de plein droit au président du Rassemblement. En l’espèce, Joseph Olenghankoy était l’homme indiqué.

En somme, sa désignation par consensus le samedi 22 juillet au terme de la réunion co-présidée par les présidents de deux chambres du Parlement, Aubin Minaku (Assemblée nationale) et Léon Kengo Wa Dondo (Sénat), n’était que purement protocolaire. Les parties prenantes à l'accord du 31 décembre ont jeté leur dévolu sur l’intéressé en actant une de ses dispositions qui propulsait d’office le président des Fonus. Ce dernier sera secondé par trois vice-présidents, en l’occurrence Vital Kamerhe et Adolphe Lumanu, représentant respectivement l’opposition signataire de l’accord du 18 octobre et la majorité présidentielle. Quant à la troisième vice-présidence attribuée au Front commun pour le respect de la Constitution, son animateur sera connu incessamment, le temps pour ce regroupement politique de se réunir pour lever une option quant à ce.  

Il est à noter cependant que la désignation de Joseph Olenghankoy à la tête du CNSA est loin de faire l’unanimité au sein de la classe politique. À peine désigné, l’intéressé est déjà sous la rampe de la critique. La procédure ayant conduit à son élévation serait biaisée, à en croire certaines langues. Tout en reniant le poste de vice-président du CNSA qui lui a été accordé en son absence, Vital Kamerhe récuse le choix porté sur Olenghankoy qui, d’après lui, « ne devait pas se faire par les délégués, mais par les composantes après discussion, après négociation ». Il regrette que les responsables du CNSA aient été désignés par les délégués des partis, sous l'égide des présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat et non par les composantes. « Cette mise en place est une violation de l’accord de la Saint-Sylvestre qui veut que le bureau du CNSA soit mis en place par consensus entre composantes ayant pris part au dialogue de la Cénco et non par les délégués des composantes au CNSA. Or, tel n’a pas été le cas. Il y a une énième violation de l’accord du 31 décembre 2016 que l’UNC et son président national ne peuvent cautionner », a-t-il dit.

Même crédo de la part de Christophe Lutundula, cadre du Rassop/Limete qui parle d’une « escroquerie politique » tout en accusant le chef de l’État, Joseph Kabila, qui, en cautionnant de tels agissements, s’emploierait à tout mettre en œuvre pour s'éterniser au pouvoir. Les évêques catholiques sont aussi montés au créneau pour fustiger la mise en place du CNSA qui ne respecterait ni la lettre ni l’esprit de l’accord du 31 décembre. Le secrétaire général de la Cénco estime que cela contribue à renforcer inutilement la frustration. « La formule du palais du peuple viole l’accord, il n’y a pas d’inclusivité dans cette démarche, ça renforce beaucoup plus la frustration, nous sommes très loin de la solution », s’est plaint l’abbé Donatien N’shole.

Vivement les élections !  

Du côté de la coalition au pouvoir, on voit les choses plutôt autrement. Pour la majorité, ce dernier développement est un bon signe et constitue la preuve que le cap est désormais mis sur la voie des élections. « L’installation du CNSA est un symbole important, démontrant que le cap sur les élections est réel et que, dans un délai responsable, nous allons de nouveau affronter le peuple. L’essentiel, c’est qu’il y a des composantes de la majorité et de l’opposition qui sont au bureau du CNSA et qui ont décidé d’œuvrer pour les élections. L’essentiel aussi, c’est que la porte n’est pas fermée pour les autres », a commenté Atundu Liongo, porte-parole de la majorité. Ici, on ne cache pas la satisfaction en rapport avec ce dénouement d’autant plus que le CNSA est structure essentielle dans l'organisation des élections.

Même satisfaction à la Céni qui pense que le moment est venu pour qu’ensemble avec le gouvernement, l’on puisse procéder à l’évaluation du processus électoral en cours de sorte à trouver un consensus sur la publication du calendrier pour l’organisation des élections en une seule séquence (présidentielle, législatives nationales et provinciales) conformément à l’esprit de l’accord du 31 décembre. À tout prendre, la désignation de Joseph Olenghankoy n’est pas sans rappeler celle de Bruno Tshibala nommé sur la liste de l’aile dissidente du Rassemblement contre le gré de ses pairs de Limete qui ont refusé de suivre la cadence imprimée par la majorité dans un processus où elle paraît bien tenir le gouvernail. À suivre !        

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Joseph Olenghankoy

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