Présidentielle 2016 : des zones d’ombre autour de la candidature de Joseph Kabila

Mercredi 7 Mai 2014 - 18:15

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L’opposition et la majorité ne semblent pas avoir retenu le même message des propos de John Kerry sur l’avenir du président Joseph Kabila après 2016.

Les milieux politiques sont de nouveau en effervescence. Le passage du diplomate américain, John Kerry, n’a pas beaucoup fait évoluer le débat concernant le mandat de Joseph Kabila qu’une certaine opposition voudrait voir s’achever d’ici à l’horizon 2016 conformément à la Constitution. Le secrétaire d’État américain est venu, comme qui dirait, raviver le débat à ce sujet avec un message en demi-teinte que la classe politique essaie de décrypter selon les obédiences d’un chacun. En tout cas, pour la majorité, l’officiel américain n’a nullement forcé le président de la République, Joseph Kabila, à renoncer à toute tentative de postuler en 2016 comme certains le laissent entendre. Bien au contraire, il a plutôt mis une emphase particulière sur le processus électoral censé se dérouler conformément aux prescrits de la Constitution et au délai requis.

Dans l’entendement de la majorité, John Kerry a certes raison de plaider pour le respect de la Constitution. Mais devant des convictions populaires qui doivent pousser à des réformes constitutionnelles, il ne peut que s’y accommoder, fait-on savoir. « Si c’est une révision inconstitutionnelle, il a raison de s’y opposer. Mais si les Congolais ont estimé que certaines révisions sont possibles, je ne vois pas comment le ministre américain pouvait dire qu’il s’oppose à la volonté du peuple congolais », explique Lambert Mende, porte-parole du gouvernement. À la majorité, la sérénité est toujours de mise malgré le discours visiblement nuancé de John Kerry sur le mandat de Joseph Kabila. D’un côté, l’émissaire de Barak Obama a fait l’éloge de son pays en matière de délimitation des mandats présidentiels et a encouragé d’autres pays à en faire autant. De l’autre, il a félicité le président congolais pour les efforts entrepris pour la consolidation de la paix à l’est du pays tout en estimant « qu’il est encore jeune et qu’il peut encore servir son pays ».  

Pour les « Kabilistes », il n’y a pas à s’affoler outre mesure. Ils en appellent à l’apaisement. De toute façon, « le président Kabila n’a jamais dit qu’il était candidat pour l’élection présidentielle en 2016 », avance une figure de proue du camp présidentiel. Mais des signaux clairs laissent présager le contraire. Tout récemment à Kingakati où il a reçu les membres de la majorité, Joseph Kabila a été explicite. Il a écarté toute perspective de désigner un dauphin et s’est dit prêt à financer l’organisation d’une consultation sur la révision de la Constitution qui divise pour l’heure la classe politique. C’est tout dire.

Pour l’opposition, John Kerry qui s’est nettement opposé à toute modification de la Constitution « pour prolonger ou modifier le mandat de quiconque » aurait exprimé le dépit de Washington sur une éventuelle candidature de Joseph Kabila en 2016. « On n’a pas besoin d’attendre la visite du secrétaire d’État américain en RDC pour que l’alternance démocratique consacrée dans la Constitution soit la règle d’or », rétorquent les opposants pour qui John Kerry est venu apporter de l’eau à leur moulin.  Il se dégagerait, d’après eux, une identité de vue entre leur position et celle exprimée par l’officiel américain.

À tout prendre, on n’est pas encore sorti de l’auberge sur cette problématique de révision de la Constitution. Le suspense est davantage corsé du fait que l’intéressé lui-même n’a jamais abordé cette question, estimant qu’il y a des urgences à faire face, lesquelles urgences requièrent plus d’attention en lieu et place d’un débat engagé avant l’heure.   

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Joseph kabila Kabange