Présidentielle 2016 : Moïse Katumbi, "l’appétit vient en mangeant"

Mercredi 30 Mars 2016 - 19:54

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Populaire et charismatique, l’ex-gouverneur du Katanga (51 ans) se garde encore de déclarer son ambition présidentielle, mais ses faits et gestes l’auront largement précédé par rapport à cette perspective.  

Depuis qu’il a pris sa liberté en se retirant du giron présidentiel, l’ex-gouverneur du Katanga ne rate plus une occasion pour tirer à boulets rouges sur ses anciens partenaires politiques. Son discours est désormais virulent trahissant une nette rupture avec une méthode de gestion politique à laquelle il ne se reconnaît plus. Dans sa nouvelle peau d’opposant, Moïse Katumbi veut se forger une place au soleil en tentant de faire bouger les lignes dans un regroupement déjà cristallisé autour de quelques grands leaders. Avec ses amis du G7, il joue une fausse modestie sachant très bien qu’il incarne, en raison de sa haute stature politique, les aspirations de ses pairs qui ont de bonnes raisons de croire en lui. Même s’il refuse de se prononcer clairement sur ses intentions de postuler à la magistrature suprême, il y sera forcé. Probablement.

Le richissime homme d’affaires sait qu’il dispose des sérieux atouts pour nourrir une telle prétention et le fait d’y renoncer équivaudrait à passer à côté d’un destin déjà ficelé. Petit à petit se dessine, à coup de pinceau, le portrait d’un présidentiable qui veut jouer sa carte à fond. Ses tribulations avec le pouvoir en place sur fond des restrictions à sa liberté de mouvement depuis son retrait du camp présidentiel sans oublier ses ennuis avec le fisc boutiqués pour le besoin de la cause, l’ont visiblement réconforté dans ses convictions. C’est qu’il fait peur. Dans les allées du pouvoir à Kinshasa, il passe pour un élément redoutable avec, à son actif, une popularité dont les tentacules ont largement dépassé les limites de son Katanga.

Cependant, dans une opposition plurielle où chacun cherche à tirer la couverture de son côté, Moïse Katumbi devra batailler avec des challengers tout aussi prétentieux à l’instar de Vital Kamerhe, Étienne Tshisekedi, Freddy Matungulu et autres qui ne font plus mystère quant à leur visé de postuler à la présidentielle. Une donne qui relance, d’ores et déjà, la problématique du candidat unique de l’opposition à la prochaine présidentielle. Le débat déjà ouvert dans cette plate-forme devrait se poursuivre à Bruxelles où le trio Kamerhe-Katumbi-Tshisekedi serait à pied d’œuvre pour négocier un modus vivendi à ce sujet. Devant un Moïse Katumbi qui s’est déjà attribué la tâche de fédérer toute l’opposition autour de sa personne, quitte à savoir si ses interlocuteurs seront prêts à lui faire des concessions censées baliser son chemin à la présidentielle. « Pour le moment, je travaille avec tout le monde. Je négocie avec tout le monde pour que l’opposition soit unie (...) Je me bats pour que le pays gagne. Pour que nous puissions avoir une opposition forte, une opposition unie et, pour cela, peut-être aller au primaire. Je suis en train de consulter les autres membres de l’opposition pour aboutir à une candidature unique », avait-il confié récemment lors d’une interview accordée à France 24.

Bien plus, en mettant un accent particulier sur l’urgence pour la Céni de doter le pays d’un calendrier électoral en phase avec les délais constitutionnel, Moïse Katumbi trahit son avidité à traduire dans les faits l’alternance démocratique qui ne doit cesser, d’après lui, d’être une simple vue de l’esprit. Il veut être le cheval sur lequel pourra miser l’opposition dans sa rude bataille face au camp de Joseph Kabila. Un projet certes légitime, mais qui risque d’être mis à rude épreuve dans une opposition bariolée encore empêtrée dans des luttes d’intérêts et de positionnement. D’où l’option de plus en plus créditée d’organiser des primaires aux fins de dégager un candidat unique moins contesté et censé porter l’étendard de l’opposition lors de la présidentielle. Un palier que devra dorénavant franchir Katumbi s’il tient à voir ses rêves se muer demain en une réalité implacable. Wait and see.

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Moïse Katumbi

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