Présidentielle au Nigeria: Muhammadu Buhari succède à lui même

Mercredi 27 Février 2019 - 11:45

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Fort de sa victoire avec 56% des voix face à son rival, Atiku Abubakar, selon les résultats communiqués par la Commission électorale mardi soir, le président réélu réaffirme les mêmes priorités que lors de sa première élection qui avait suscité tant d’espoirs et de changements : vaincre Boko Haram, s’attaquer à la corruption et conforter l’économie nigériane.

Au plan sécuritaire, le président Muhammadu Buhari reste optimiste que son pays vaincra Boko Haram. « Nous avons tenu nos engagements de sécuriser l’intégrité de notre territoire face à l’insurrection cruelle (du groupe djihadiste de Boko Haram) qui a dévasté une grande partie du nord-est du pays », a-t-il déclaré. « Nous pensons que nous pouvons mettre en place une politique rigoureuse et globale pour mettre fin au conflit entre agriculteurs et éleveurs », a-t-il ajouté.

Ce conflit a déjà fait plusieurs milliers de morts depuis l’arrivée de Muhammadu Buhari au pouvoir et exacerbé les tensions religieuses dans la ceinture fertile du Nigeria.

« Les scandales de corruption à grande échelle et au plus haut de l’échelle du pouvoir font partie du passé (…). Un proverbe yorouba (l’un des trois grands groupes communautaires du Nigeria) dit que seul un esprit patient peut traire un lion. De la même manière, la lutte contre la corruption est difficile mais pas impossible », a-t-il relevé.

Muhammadu Buhari, âgé aujourd’hui de 76 ans, reconnu comme un homme strict et inflexible, reste tout autant déterminé dans la lutte contre la corruption. « Des progrès tangibles ont été faits mais beaucoup reste encore à accomplir. Nous avons notamment rapatrié des centaines de millions de dollars de fonds illégaux qui étaient bloqués dans des banques étrangères », a-t-il écrit sur sa page Facebook, ajoutant : « Ces fonds ont été réinvestis dans la plus grande transparence dans des projets d’infrastructures et utilisés pour soutenir le développement des plus pauvres dans notre société ».

En ce qui concerne l’économie, le président s’est félicité des résultats obtenus. « La reprise économique que nous vous avions promise est en cours... En 2018, la croissance était de 1,93%. Il est à noter que cette importante performance était tirée par le secteur non-pétrolier, dont la croissance a augmenté de 82% en un an (…). Nous devons redoubler encore nos efforts dans cet engagement de diversification de l’économie pour accélérer la croissance et ainsi, créer de l’emploi pour nos citoyens », a promis le chef de l'Etat réélu.

"L’administration Buhari a jeté les bases d’un pays fort, stable et prospère"

Il sied de noter que le Nigeria, avec près de deux millions de barils par jour, est le premier producteur de pétrole du continent et son économie dépend presque exclusivement de l’or noir.

Outre ces défis sus-évoqués, le président compte agir dans plusieurs autres domaines, dont l’emploi, l’éducation et les infrastructures. « Notre engagement pour construire des infrastructures essentielles - du rail, des ponts, des aéroports, des ports - permettra de créer de l’emploi et d’améliorer la compétitivité de nos industries ». »Nous avons pour objectif de créer quinze millions nouveaux emplois », a-t-il indiqué.

Dans son programme de société, Muhammadu Buhari a clairement affiché ses ambitions en matière d’éducation. « Nous allons réhabiliter dix mille écoles à travers le pays et engager de nouvelles formations pour nos professeurs en sciences, technologies, arts plastiques et mathématiques », a-t-il fait savoir, précisant que sous sa nouvelle présidence, le pays va « augmenter de 9,2 millions à quinze millions le nombre d’enfants qui recevront à manger gratuitement à l’école primaire ».

Pour n’avoir pas du tout accompli ses promesses de 2015 à l’issue de son premier mandat et alors que le pays se relève péniblement d’une grave récession, Muhammadu Buhari s’était présenté comme le candidat de la continuité. Pour ce faire, il a demandé à ses électeurs quatre années supplémentaires pour achever son programme initial, affirmant que son administration a « jeté les bases d’un pays fort, stable et prospère ».

Pour le scrutin présidentiel qu'il vient de remporter, les écarts entre lui et son challenger, tous haoussas du nord et musulmans, étaient certes moins prononcés que lors du scrutin de 2015, entre l’actuel président et son prédécesseur, Goodluck Jonathan, chrétien du Delta. Mais Muhammadu Buhari a réussi à maintenir une large avance sur son adversaire.

Notons que Atiku Abubakar, candidat malheureux à l’élection, est un riche homme d’affaires et ancien vice-président du Nigeria entre 1999 et 2007, alors que Muhammadu Buhari est un ancien général qui avait déjà dirigé le pays en 1983 pendant les dictatures militaires.

Malgré la victoire annoncée du président sortant, l’opposition a dénoncé des fraudes massives du parti au pouvoir pour le maintenir à la tête du pays et avait demandé l’interruption des résultats mardi soir. Toutefois, cette demande ne peut se faire que par voie de justice.

La mobilisation des électeurs nigérians a été faible lors de ce scrutin, avec un taux de participation d’environ 40%. 

Nestor N'Gampoula

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