Présidentielle : Bemba, Muzito et Badibanga mis hors course

Samedi 25 Août 2018 - 16:45

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La Commission électorale nationale indépendante (Céni) a rendu publique, le 24 août dans la nuit, la liste provisoire des candidats au scrutin du 23 décembre. Six sur les vingt-cinq enregistrés par la Centrale électorale ont vu leurs dossiers être rejetés. Il s’agit de Jean-Pierre Bemba, Adolphe Muzito, Samy Badibanga, Antoine Gizenga, Jean-Paul Moka-Ngolo et de Marie Josée Ifoku. Ils disposent de quarante-huit heurs pour introduire un recours auprès de la Cour constitutionnelle.    

L'attente a été longue le 24 août, jour programmé pour la publication, par la Céni, de la liste provisoire des candidats à l’élection présidentielle du 23 décembre. C’est finalement aux heures indues de la soirée que la Centrale  électorale s’est pliée à cet exercice dans un contexte de surchauffe exacerbée par les craintes de l’opposition de voir les candidatures de ses principaux lieutenants être rejetées. Deux heures avant, elle est montée au créneau, via un communiqué conjoint, pour mettre en garde la Céni contre toute velléité de mise à l'écart de certains candidats du challenge présidentiel sur la base d’injonctions politiques.   

Une recommandation qui, en réalité, ne pouvait faire bouger les lignes. Il ressort du communiqué de la Céni que six candidatures sur les vingt-cinq enregistrées pour la présidentielle ont été rejetées après traitement et ce, pour diverses raisons. Il s’agit de celles du sénateur Jean-Pierre Bemba (MLC), d’Adolphe Muzito (Nouvel élan), de Samy Badibanga (Les progressistes), d’Antoine Gizenga (Palu), de Jean-Paul Moka-Ngolo (Mouvement bleu)  et de Marie Josée Ifoku (Alliance nationale des élites du Congo).

Les pro Bemba s’insurgent

Comme il fallait s’y attendre, le rejet de la candidature de Jean-Pierre Bemba pour condamnation par la Cour pénale internationale, en mars dernier, à un an de prison et au paiement de trois cent mille euros d'amende, dans une affaire annexe de subornation de témoins, aura suscité l’indignation de sa base politique et de ses pairs de l’opposition. Réagissant à chaud à l'invalidation de son mentor, la secrétaire générale du Mouvement de libération du Congo (MLC) y a vu une manipulation de la Céni qui aurait reçu des injonctions claires du ministre de la Justice et garde des sceaux pour écarter certains candidats jugés gênants pour le pouvoir. Elle fait notamment allusion à une récente correspondance du ministre Thambwe Mwamba assortie « des noms des personnes que le chef de l'Etat ne voulait pas voir postuler » qu’il aurait adressée au président de la Céni.

Tout en affirmant détenir des éléments probants attestant l’interférence de la majorité présidentielle dans le travail de la Céni, Eve Bazaïba s’est dit étonnée de voir une simple lettre d’un ministre, fut-il de la Justice, se substituer à la loi électorale dans l’examen des candidatures. Et d’ajouter que son parti allait « utiliser toutes les voies du droit pour réclamer » le droit de Jean-Pierre Bemba à se présenter à l’élection présidentielle et prendra le peuple et toute l’opinion nationale et internationale à témoin. Car pour les cadres et militants du MLC, Jean-Pierre Bemba est bien éligible. Ils font le distinguo entre corruption et subornation de témoins qui, d’après eux, sont deux délits différents dans le code pénal congolais. « Jean- Pierre Bemba  a été acquitté totalement  et la subornation de témoin n’est pas reprise dans la loi électorale », argumente-on dans les milieux.

Conflit d’intérêt au Palu ?

 L’ex-Premier ministre Adolphe Muzito a également subi le même sort. Le candidat de la plate-forme « Nouvel élan » a vu sa candidature être rejetée pour conflit d’intérêt avec sa formation politique, le Parti lumumbiste unifié (Palu) qui l'avait, d’ailleurs, suspendu. Une raison qui, selon maints observateurs, ne tient pas debout pour autant que l’incriminé a postulé comme indépendant et non sous la casquette du Palu. Son dossier, fait-on savoir, ne mentionne nullement le Palu qui a présenté un autre candidat en la personne d’Antoine Gizenga, lui aussi invalidé pour défaut de signature. La personne ayant présenté le dossier de candidature du patriarche n’avait pas qualité, d’après la Céni. « La Céni ne peut pas s’ingérer dans les dysfonctionnements des partis politiques ni s’ériger en tribunal pour interpréter une décision de la justice internationale », fait-on observer.  

Autres candidats invalidés, Jean-Paul Moka Ngolo Mpati pour défaut de paiement de la caution de cent mille dollars et Marie-Josée Ifoku Mputu pour n’avoir pas la nationalité congolaise d’origine. C’est pour la même raison que la candidature de l’ex-Premier ministre Samy Badibanga a été recalée. Ce dernier n’aurait pas recouvré sa nationalité légalement après l’avoir perdue en optant précédemment pour une autre.

Finalement, il ne reste plus que dix-neuf candidats dans la course à la présidence de la République. Les candidats dont les dossiers ont été invalidés disposent de qurante-huit heures à dater de la publication de la liste provisoire, pour introduire un recours auprès de la Cour constitutionnelle. La Haute cour transmettra alors ses arrêts à la Céni au plus tard le 11 septembre et l’institution électorale rendra publique la liste définitive le 19 septembre, conformément au chronogramme contenu dans la loi électorale.      

Alain Diasso

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