Présidentielle en Somalie : vingt-trois candidats en lice dont le président sortant

Mercredi 8 Février 2017 - 15:16

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Au lieu du suffrage universel comme dans presque tous les pays, en Somalie ce sont plutôt les députés et les sénateurs qui élisent le président. Ils sont allés aux urnes le mercredi 8 février, pour choisir le futur chef de l’Etat et tous les candidats à ce scrutin présidentiel sont des hommes qui ont chacun payé des frais d’inscription de 30.000 dollars (28.000 euros).

Parmi ces candidats, certains sont déjà donnés favoris, dont l’actuel président Hassan Sheikh Mohamud, 61 ans, ancien universitaire et activiste de la société civile, issu du clan Hawiye, l’un des principaux clans somaliens. Il y a également son prédécesseur, Sharif Sheikh Ahmed, 52 ans, ancien chef de l’Union des tribunaux islamiques de Somalie dont les shebab sont issus et  tout aussi des Hawiye.

Du côté du clan Darod, les principaux candidats sont l’actuel Premier ministre Omar Abdirashid Ali Shamarke, 56 ans, et l’ancien Premier ministre Mohamed Abdullahi Mohamed Farmajo, 55 ans. Les deux hommes ont une double nationalité, ayant vécu pendant des années respectivement au Canada et aux Etats-Unis.

Prévue en août dernier, l’élection du président a été plusieurs fois repoussée. Elle doit ponctuer un processus électoral construit autour du système clanique régissant la politique de ce pays privé de véritable Etat central depuis la chute du président Siad Barre en 1991.

L’année dernière, quelque 14.000 électeurs délégués - sur les 12 millions de Somaliens - avaient voté entre octobre et décembre pour élire les nouveaux députés, parmi des candidats généralement choisis à l’avance par consensus et représentant chaque clan ou sous clan.

En attendant les résultats du vote, l’ONG anti-corruption somalienne Marqaati affirme dans un rapport rendu public lundi que ce processus, entaché de nombreuses accusations de trucage et de marchandage, est « défiguré par la corruption »

Craignant que les islamistes shebab ne commettent de nouveaux attentats, le maire de la ville de Mogadiscio a appelé les habitants à rester chez eux. Et des témoins affirment que plusieurs routes principales étaient bloquées par des buttes de sable et que des soldats lourdement armés patrouillaient les rues. « Mes enfants n’ont pas été à l’école à cause de l’élection et mon mari, qui travaille en tant que policier, a été de garde ces trois derniers jours (…). Tout cela prend trop de temps, les gens seront soulagés quand cette comédie dramatique se terminera », a confié Samiya Abdulkadir, mère de quatre enfants.

Les autorités gouvernementales avaient initialement promis le suffrage universel au peuple. Mais cet engagement a été abandonné en 2015 en raison de luttes intestines et de tergiversations politiques combinées à une insécurité chronique due principalement aux islamistes shebab, affiliés à Al-Qaïda, qui contrôlent de larges zones rurales et frappent régulièrement Mogadiscio.

Pour ce qui est de l’élection de cette année, elle est quand même d’une avancée démocratique par rapport aux élections de 2012, où seulement 135 « elders » (notables) avaient désigné l’ensemble des députés. L’instauration du suffrage universel est désormais planifiée pour la prochaine élection en 2020, mais la dernière élection véritablement démocratique en Somalie remonte à presque 50 ans, en 1969.

Le pays est plongé depuis près de trois décennies dans le chaos et la violence entretenus par des milices claniques, des gangs criminels et des groupes islamistes. Devant cette situation, le Bureau des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha) a mis en garde contre une « possible famine », provoquée par une sécheresse particulièrement sévère, et qui menace quelque 3 millions de Somaliens. Les travailleurs humanitaires redoutent même le retour d’une sécheresse aussi dévastatrice que celle de 2010-2011, qui avait fait 250.000 morts.

L’Ocha a estimé que si les maladies et le conflit figurent parmi les causes récurrentes des souffrances humanitaires de la Somalie, « l’impact de cette sécheresse représente une menace d’une échelle et d’une magnitude différentes ».

 

 

 

Nestor N'Gampoula

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