Présidentielle française : les candidats se prononcent sur le Franc CFA

Mardi 11 Avril 2017 - 15:51

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À deux semaines de l’élection présidentielle française dont le premier tour a lieu le 27 avril, les 11 candidats font leurs propositions sur le Franc CFA.

Les sondages actuels créditent Emmanuel Macron du mouvement En Marche et Marine Le Pen du Front National de 24% d’intentions de vote chacun, Jean-Luc Mélenchon de La France insoumise (18%), François Fillon Les Républicains (17%), Benoît Hamon du Parti Socialiste (9%), Nicolas Dupont-Aignan de Debout la France (3,5%), Philippe Poutou du Nouveau Parti anti-capitaliste (2,5%), François Asselineau de l’Union Populaire Républicaine (1%), Nathalie Arthaud de Lutte Ouvrière, Jean Lassalle du mouvement Résistons et Jacques Cheminade de Solidarité et Progrès (0,5% chacun). Mais les jeux restent ouverts.

Tous à quelques exceptions près ont une position claire sur le Franc CFA s’ils étaient élus à la magistrature suprême. C’est le cas de Nathalie Arthaud de Lutte Ouvrière qui considère le franc CFA, comme une « monnaie de dominés [...] contrôlée par la bourgeoisie française ». Elle souhaite sa suppression tout en estimant  que celle-ci ne suffira pas à libérer les Africains de leur exploitation. 

Conscient des « drames de la colonisation » François Assileau  mettrait un terme à des relations de type néocolonial, « où certains dirigeants africains sont traités par Paris […] comme des vassaux ». S’il est élu,  il promet que « si les pays [africains] veulent sortir du franc CFA, la France pourra les aider », mettrait fin à la Françafrique et permettrait le développement d’une « ère de coopération égalitaire avec les pays d’Afrique ».

Jacques Cheminade va « libérer l’Afrique de l’occupation financière, et permettre le codéveloppement ». Il ambitionne de créer « un ministère de la Coopération, du Codéveloppement et de l’Intégration », tourné vers l’Afrique et ayant comme objectifs de mettre fin à la « curatelle financière » et sortir du CFA; s’éloigner du Fonds monétaire international (FMI), de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), et des traités avec l’Union européenne ; créer des banques nationales, annuler les dettes « illégitimes ». Il compte « jeter la Françafrique à la rivière ».

« Paradoxalement, l’Afrique est le continent le plus riche du monde, du point de vue de ses ressources minières et pétrolières. Mais pour se développer, elle a besoin d’une indépendance économique réelle », estime Léon Crémieux, conseiller Afrique de Philippe Poutou. Pour atteindre cette indépendance, le NPA  envisage d’annuler totalement la dette souveraine des pays africains auprès des banques françaises.

Autre modalité d’action mouvement de Philippe Poutou : une émancipation vis-à-vis du franc CFA, « entièrement dépendant de l’Union européenne », selon lui. Il explique que « si des régimes démocratiques demandent de l’aide, des partenariats, on ira ». Avant tout, il  appelle à couper les liens néocoloniaux, qu’il  considère comme « une catastrophe humaine, économique, politique ».

Jean Lassalle  va « mettre fin à la supervision du franc CFA par le Trésor » français. Il déplore que  le continent africain ait été « sacrifié sur l’autel des ventes d’armes et du pétrole », et regrette, que « le malheur pousse sur les routes de l’exil des millions d’hommes, de femmes et d’enfants. Comme jadis nos montagnes se vidaient de leurs forces vives pour grossir le prolétariat des villes ».

Quant à Nicolas Dupont-Aignan, il propose plutôt que le franc CFA change de nom, mais reste sous le contrôle du Trésor français. Alors que François Fillon affirme sur RFI que la question du franc CFA, « l’un des totems de la Françafrique », « doit être  traitée par les Africains ». Selon lui, « la France ne tire aucun avantage de cette affaire du CFA. La question qui est posée, c’est : "Est-ce que c’est un élément de stabilité qui protège les économies des pays africains, ou non ?" C’est une discussion qui doit s’engager avec les pays africains et, pour ma part, je suis ouvert à toutes les solutions». Donc plus de tabou sur le franc CFA.

Benoît Hamon, qui a grandi à Dakar au Sénégal, remercie ses parents et l’Afrique de lui avoir appris « la fraternité ».

La candidate du Front National Marine Le Pen,  qui a été reçue récemment par le président tchadien Idriss Deby Itno a remercié ce dernier d’avoir « brisé les barrières de l’ignorance et de la stigmatisation médiatique dont [elle] fait l’objet, bien au-delà de la France ». Elle qui a souvent fustigé la Françafrique,  et milité contre le franc CFA, qu’elle a souvent considéré  comme « un drame pour les économies africaines ». Elle pense que « L’Afrique doit avoir sa propre monnaie. Pour ceux qui ont le franc CFA, c’est un inconvénient économique ».

Emmanuel Macron  a dénoncé les « rémanences de la Françafrique ». Concernant la suppression du franc CFA,  « C’est un débat que les pays de la zone franc doivent conduire dans les deux zones concernées. Je n’ai pas à me prononcer pour eux. C’est un élément de stabilité que nous garantissons. Ce qui est vrai, c’est que cela crée de l’hétérogénéité, en particulier au sein de la Cédéao, où vous avez plusieurs cohabitations. En même temps, je pense que le choix leur est laissé », a-t-il déclaré.

Dans son programme, Jean-Luc Mélenchon veut « en finir avec la Françafrique ». En cas d’élection, il va supprimer le franc CFA, « respecter l'indépendance des États africains et la souveraineté des peuples en s'interdisant de se mêler des élections, et en réprimant les corrupteurs ». 

Noël Ndong

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