Prison de Kasongo : des ONG dénoncent une répression violente d’une revendication légitime

Jeudi 13 Février 2014 - 14:46

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Ces organisations, qui ont regretté qu’en lieu et place d’un dialogue, les autorités locales aient préféré recourir à la méthode forte, exhortent le gouvernement à diligenter une enquête indépendante pour déterminer les conditions de détention à ladite prison ainsi que les circonstances de l’intervention de la police.

Dans un communiqué publié le 12 février, l’Association congolaise pour l’Accès à la justice (Acaj), le Réseau des associations de défense des droits humains dans le sud Maniema (Radhosma) et l’Alliance paysanne du Maniema (Allipam) ont fermement condamné la répression violente, par la police, de la revendication des détenus de la prison de la cité de Kasongo, dans la province de Maniema. Ces ONG ont regretté le recours à la « méthode forte » en lieu et place du dialogue.

Ces ONG ont, par ailleurs, exhorté le gouvernement à diligenter une enquête indépendante pour déterminer les conditions de détention à ladite prison de Kasongo ainsi que les circonstances de l’intervention de la police. Elles l’ont également appelé à prendre en charge les soins médicaux de tous les blessés et à s’assurer qu’il n’y a plus de personnes en détention arbitraire. Le gouvernement est également prié de prendre des dispositions urgentes pour que les cellules de toutes les prisons de la RDC, en général, et celle de Kasongo, en particulier, répondent aux règles minima des Nations unies telles que l’hygiène, le cubage d’air, l’éclairage, la nourriture, la ventilation et l’existence d’installations sanitaires.

Ces organisations ont, par contre, sollicité de la mission onusienne en RDC d’intervenir en urgence pour que tous les détenus blessés, en particuliers les femmes, dont celle allaitant un enfant de neuf mois, soient pris en charge médicalement et psychologiquement. Alors que les ONG de la société civile ont été exhortées à veiller à ce que la justice fonctionne en conformité avec les droits de l’homme.

Selon ces trois ONG, le 12 février vers 7 heures du matin, la police a brutalement réprimé l’action menée par une cinquantaine de détenus qui se sont regroupés dans l’enceinte de ladite prison, en chantant, pour protester contre la précarité de leurs conditions de détention. « Ils ont dénoncé des frais illégaux leur imposés par les policiers de garde et agents pénitentiaires pour soit recevoir la visite de membres de leurs familles, soit recevoir à manger, soit pour être autorisé à dormir dans une cellule plus ou moins spacieuse », ont noté ces organisations. À en croire ces dernières, ces prisonniers ont également dit ne pas comprendre pourquoi la plupart d’entre eux sont détenus depuis plusieurs moins sans procès, et sans être présentés devant un juge de contrôle de légalité de détention.

Ces ONG ont, enfin, regretté qu’en lieu et place d’un dialogue, les autorités locales ont préféré recourir à la méthode forte pour mater vite ce qu’elles ont qualifié de « tentative d’évasion ». « C’est ainsi qu’elles ont fait appel à la police qui, à son tour, va lancer des gaz asphyxiants, en quantité exagérée même dans des cellules fermées et non aérées où certains détenus se cachaient, et tabasser indistinctement les détenus parmi lesquels deux femmes dont une allaitant un enfant de 9 mois et plusieurs malades », ont-elles fait remarquer.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Des prisonniers dans un centre de détention de la RDC