Procès assassinat de Floribert Chebeya : la VSV dénonce des menaces intenses contre les avocats des parties civiles

Jeudi 3 Septembre 2015 - 18:49

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Tout en condamnant fermement ces menaces proférées sous diverses formes, cette ONG a exigé des autorités du pays une enquête indépendante afin d’en identifier les auteurs.

À quelques jours du prononcé du verdict fixé au  17 septembre dans le procès de l’assassinat de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana, la Voix des sans-voix pour les droits de l’Homme (VSV) s’est dite vivement choquée et a dénoncé, avec la dernière énergie, les menaces mettant en insécurité les avocats des parties civiles. Ces faits datent, selon cette ONG, depuis la comparution du renseignant Kalala Kalao, l’ancien chauffeur du colonel Daniel Mukalay, contre qui il a fait sa déposition à l’audience du 9 juillet.

À en croire le communiqué de la VSV du 3 septembre, lesdites menaces se sont amplifiées depuis les dernières plaidoiries des avocats des parties civiles fin juillet et début août 2015, au cours desquelles il a été fait état de certaines pièces du dossier n’ayant pas fait l’objet de l’instruction. Il s’agit notamment, selon l’ONG, des pièces relatives au rapport de la VSV sur les massacres des adeptes du Mouvement politico-religieux Bundu dia Kongo en 2008 dans la province du Bas-Congo et le message électronique que feu Floribert Chebeya Bahizire avait envoyé à Maître Djakani à Bruxelles, fin mai 2010, lui demandant de rédiger une plainte à déposer à la Cour pénale internationale contre les auteurs présumés de ces massacres.

Pour la VSV, en effet, les menaces dont font l’objet les avocats des parties civiles dans l’exercice de leur fonction pour une cause juste ne font que corroborer la thèse de crime d’État ciblé et planifié ainsi que l’absence de volonté politique dans le chef des autorités congolaises à contribuer à la manifestation de la vérité sur les circonstances réelles de l’assassinat des deux défenseurs des droits humains « assassinés d’une manière atroce et cruelle entre les mains de l’État congolais suite à leur engagement pour la démocratie et les droits humains en RDC ».

Selon la VSV, les auteurs de ces menaces disaient à ces avocats qu’ils étaient en train de combattre le pouvoir en place, en leur demandant s’ils avaient les capacités d’aller jusqu’au bout. Aussi auraient-ils dit que les parties civiles et leurs conseils, à qui ils ont promis de subir le même sort que ces deux défenseurs des droits de l’Homme, chercheraient la tête du chef de l’État et non Mukalay et John Numbi.

Des actions presqu’officielles

La VSV a, en outre, déploré la destruction de la boîte e-mail de Me Kabengela Ilunga ; des lettres presque de blâme venant du Barreau national sur les prestations du Collectif des avocats dans le dossier assassinat Floribert Chebeya et Fidèle Bazana ainsi que le déplacement à Kinshasa de Me Djakani, soupçonné d’avoir trahi Floribert Chebeya à travers le message lui envoyé par ce dernier pour la saisine de la CPI contre les présumés auteurs des massacres des adeptes du mouvement politico-religieux Bundu dia Kongo, pour y rencontrer uniquement les avocats des parties civiles. L’ONG a également relevé le blocage injustifié des fonds destinés aux avocats des parties civiles par le Barreau national, etc., comme des indicateurs  révélateurs sur les menaces qui pèsent sur les avocats des parties civiles.

S’agissant, par ailleurs, du procès en appel à la Haute cour militaire, la VSV a dénoncé la soustraction des poursuites dont a, une fois de plus, bénéficié le Général John Numbi, qu’elle tient pour suspect numéro un dans l’affaire de l’assassinat de deux défenseurs des droits humains précités. « Les parties civiles sont une fois de plus déçues et regrettent d’avoir interjeté appel presque pour rien. Cependant, la VSV qui avait déjà exprimé des craintes quant à l’aboutissement heureux du procès en appel avec la manifestation de la vérité sur les circonstances réelles de l’assassinat de ses deux membres effectifs espère qu’avec l’épuisement des procédures au niveau interne que toutes les voies sont et seront ouvertes pour que les mécanismes au niveau régional et international se saisissent du dossier », a souligné cette ONG.

La VSV, tout en condamnant fermement ces menaces proférées sous diverses formes contre les avocats des parties civiles, a exigé des autorités du pays, une enquête indépendante sur lesdites menaces afin d’en identifier les auteurs et, de présenter ces derniers devant la justice pour qu’ils répondent de leurs actes. L’ONG a également appelé à la cessation immédiate de toutes les menaces contre les avocats des parties civiles dans l’exercice de leurs fonctions pour une cause noble et juste; la prise des mesures sécuritaires appropriées en vue de sécuriser lesdits avocats et leurs proches.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Le général John Numbi, à la barre, et un avocat des parties civiles, Me Richard Bondo

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