Procès du 4-Mars : six accusés condamnés

Mardi 10 Septembre 2013 - 5:37

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Le verdict qu’a rendu le président de la Cour criminelle, Mathurin Bayi, le 9 septembre, a condamné six accusés, dont un seul bénéficie du sursis, sur les trente-deux prévenus. Malgré ces condamnations, aucune preuve scientifique ni juridique n’a été apportée après des mois de procédure

Ce lundi, l’assistance arrive bien tôt pour soutenir parents et amis incarcérés depuis dix-huit mois, avec le seul souhait de les voir en liberté. Certains présagent l’acquittement de leurs parents et n’attendent plus que la décision publique de la Cour. C’est un jour historique et mémorable pour la plupart. À 10 heures, les prévenus entrent dans la salle d’audience, le visage rayonnant. Jusqu’à ce moment, tout semble normal. Quelques accusés discutent avec leurs avocats, d’autres par contre échangent des photos-souvenir du procès historique.

L’attente est longue entre l’heure prévue (9 heures), par la Cour lors de la levée de la séance vendredi et la reprise de l’audience. Les accusés et l’assistance commencent à s’impatienter et s’inquiéter du sort de chacun. Malgré cette longue attente, personne ne s'en va. Après sept heures d’attente, la Cour fait son entrée. Il est 16h25 quand le président de la Cour commence à lire le verdict. Pendant trente minutes, il assigne des peines aux uns et acquitte les autres. Il engage, dans son arrêt, la responsabilité de l’État congolais concernant les victimes du drame. L’arrêt du président de la Cour criminelle ne fait pas l’unanimité tant du côté des victimes que des accusés.

Six accusés condamnés et vingt-six acquittés

Au cours de son délibéré, Mathurin Bayi déclare coupable le caporal-chef Blood Kouack Kakom et le condamne à quinze ans de travaux forcés pour incendie volontaire. Le colonel Marcel Ntsourou est condamné à cinq ans de travaux forcés pour détention illégale d’armes de guerre, et la Cour ordonne qu’il soit sursis à l’exécution de sa peine. Le colonel Germain Ickonga-Akindou, reconnu coupable, est condamné, quant à lui, aux travaux forcés à perpétuité. Les accusés Rodrigue Oba, Alvarez-Georgino Ngouolali-Missié et Julien-Aymard Gana purgeront une peine de deux ans chacun, assortie d’une amende de 200 000 FCFA.

Les prévenus Abdou-Yorgen Bouandzobo, Bréchère-Macaire Yengolo, Charly Ntsoumou-Ngoba, Jean-Bosco Mpankima, Benjamin Okana, Jean-Claude Mopita, Frédéric-Noël Ingani, André Souana, Dimitri-Gédéon Issangou-Mampassi, Raymond Miéré, Gladys Mafoua, Giscard Minichelot (alias le Blanc), Wilfried Ndebeka (alias Bayard), Destin-Noé Mpikindza-Mandali, Jules-Julien Émékoro, Roland Okana, Maxime-Christophe Onono, Gustave Lambini, Servant Étou-Obami, Kevin-Simplice Ngami, Henriette-Clarisse Kouyaté née Mbochi, Ismaël Kouyaté, Jean-Pothia Atipo-Kaba, Georges-Robert Ferré et Roger Bokitomo sont acquittés purement et simplement, après dix-huit mois de détention pour certains et deux semaines pour d’autres.

La Cour, dans son délibéré, engage la responsabilité de l’État congolais dans l’indemnisation des victimes. La somme de réparation varie entre 20 millions et 2,5 millions FCFA, selon les tranches d’âge et le dommage subi.

Témoignages

À l’issue du procès, les avocats des acquittés se sont réjouis de la décision de la Cour. « Par rapport à mon client, la décision rendue est celle pour laquelle on s’est battu depuis le début de cette procédure et donc nous croyons de ce point de vue que justice a été faite, déclare Me Nkélani. Dans l’ensemble, par rapport à l’instruction que nous avons suivie, les condamnations sont trop lourdes pour des crimes non avérés, cela ne me paraît pas justifié. »

Les victimes du drame du 4-Mars ont indiqué qu’ils étaient déçus du jugement rendu. « Nous voudrions savoir qui est à l’origine des explosions ayant endeuillé plusieurs familles, causé d’énormes dégâts humains et matériels. La vérité voulait qu’on les condamne tous », concluent les victimes.

Depuis dix-huit mois, l’opinion nationale et internationale attendait de voir la lumière sur cette affaire. Malgré les enquêtes de la commission mis en place pour connaitre la véracité des faits, un mois d’auditions, de confrontations et de témoignages, l’affaire du 4-Mars emporte avec elle son secret sur l’origine de l’incendie et les commanditaires de cet acte. Les accusés sont certes condamnés, mais aucune preuve n’atteste de leur culpabilité et de l’origine de l’incendie.

Josiane Mambou-Loukoula