Procès Floribert Chebeya : la partie civile exhume le dossier « BDK »

Samedi 1 Août 2015 - 16:00

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Les avocats de la partie civile ont regretté, jeudi à l’ouverture des séances de plaidoiries, que celui qu'ils considèrent comme le commanditaire du meurtre, en l’occurrence l'ancien chef de la police, John Numbi, ne soit toujours pas inquiété.

Le procès en appel des assassins présumés de Floribert Chebeya vient d’entrer dans une phase décisive : celle des plaidoiries. Depuis le jeudi 30 juillet, les avocats de la partie civile se relayent devant la Haute Cour militaire avec un discours très critique sur la gestion même du procès qui tend, selon eux, à disculper le vrai commanditaire du crime odieux perpétré contre cet activiste des droits de lhomme. Ils continuent, en effet, de réclamer à cors et à cri la comparution de l’ex patron de la police, le général John Numbi qui serait le principal « donneur d’ordre » dans ce feuilleton macabre. Les autres personnes suspectées ou mises en procès n’étant que « des simples exécutants ».

A l’instar de ses collègues, Me Ngomo a regretté le fait que ce haut cadre de l‘armée ait été extirpé de la suite du procès après sa comparution comme simple témoin en première instance en 2011 alors qu’au stade actuel du procès, de nouveaux développements l’enfoncent davantage en mettant à nu son implication dans l’assassinat de Floribert Chebeya. Une requête qui est toujours loin de recueillir l‘assentiment du tribunal, John Numbi n’étant pas formellement poursuivi malgré les griefs à charge portés contre lui. D’où le rejet par la Haute Cour d’une requête de la partie civile sollicitant une fouille de la ferme du général John Numbi pour voir si le corps de Fidèle Bazana, ancien chauffeur de Chebeya, assassiné le même jour que lui, s’y trouvait. Jusqu’à ce jour, en effet, le corps de la victime demeure introuvable au grand désenchantement de ses proches.

Un avocat lève le voile sur les mobiles cachés du crime

C’est l’intervention de Me Kabengele qui aura suscité un grand intérêt au cours de cette première audience réservée aux plaidoiries. Pour cet avocat de la partie civile, les mobiles de l’assassinat de Floribert Chebeya ne sont pas à aller chercher loin. L’homme était en possession, selon lui, des données accablantes sur l’affaire Bundu dia Kongo, cette secte dont les fidèles avaient été sauvagement abattus en 2007 dans les territoires de Luozi, Seke-Banza, Tshela, Lukula et Moanda dans le Kongo central.  Me Kabengela a, au passage, dénoncé l’emploi disproportionné de la force par les éléments de la police et de la Garde républicaine chargés de mater le soulèvement des adeptes de ce mouvement politico-religieux. Plusieurs autorités civiles, militaires et policières du Bas-Congo et de Kinshasa seraient, d’après cet avocat, impliquées dans ce que le défunt Chebeya avait qualifié de « génocide » parce qu’éligible comme « crime d’Etat » susceptible d’être jugé au niveau de la Cour pénale internationale.

Bien avant de saisir cette juridiction internationale, a révélé Me Kabengele, Floribert Chebeya était en passe de déposer une plainte contre les présumés coupables auprès de la justice belge avec son organisation, la Voix des sans voix (VSV), comme partie civile. Malheureusement, son action fut interrompue suite à la divulgation du contenu de sa requête par un confrère prestant en Belgique au mépris de toute déontologie. Et c’est de là, à en croire Me Kabengele, que les déboires de Floribert Chebeya auraient commencé jusqu’à son assassinat le 2 juin 2010 après un rendez-vous manqué au siège de l'inspection générale de la police avec le général Numbi qui a toujours nié ce rendez-vous.

Les plaidoiries du procès en appel se poursuivent ce lundi 3 août avec les parties civiles et le ministère public.

 

Alain Diasso

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