Procès Germain Katanga : sentiment mitigé après le verdict

Samedi 24 Mai 2014 - 14:15

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Après la condamnation de Germain Katanga à douze ans de prison , des voix s'élèvent pour demander à la CPI de poursuivre les enquêtes pour déterminer les « vrais commanditaires » des crimes pour lesquels il a été condamné.

La Cour pénale internationale (CPI) a rendu le 23 mai son verdict en fixant une peine de douze ans de prison contre Germain Katanga au terme d’un procès fleuve ayant duré trois ans et au cours duquel une cinquantaine des témoins ont défilé devant la barre. Il s’agit d’une peine unique, comme l’a précisé la Cour tout en indiquant que le temps déjà passé en prison par l’ex-chef de guerre sera déduit de sa peine. Dans les milieux concernés, on se réjouit de cette sentence qui soulage tant soit peu les nombreuses victimes. Ces dernières espéraient toutefois mieux et s’attendaient à une peine plus lourde. Certes la justice a été rendue, mais les victimes restent encore dans l’expectative quant à la réparation des préjudices subies pour lesquelles la CPI reste encore muette. Désormais, les victimes attendent donc que la CPI obtienne des indemnités pour les survivants, mais aussi qu'elle veille à la protection des témoins.

Toutefois,  certaines ONG de défense de droits de l'Homme ne maquent pas d’exprimer leur regret du fait que les « vrais commanditaires » des crimes commis à Bogoro en Ituri (Province Orientale) pour lesquels Germain Katanga vient d’être condamné n’ont pas été inquiétés. Ces commanditaires se recruteraient entre Kinshasa, Kigali et Kampala. Ils se font régulièrement la guerre par milices interposées pour le contrôle des richesses naturelles de l’est de la RDC.

Justice Plus, une ONG opérant en Ituri, relativise la portée de cette peine en trouvant en Germain Katanga quelques circonstances atténuantes du fait du rôle d’intermédiaire qu’il a joué dans les événements du 24 février 2003. Pour cette ONG, il est inconcevable que celui qui n’a joué que le simple rôle d’intermédiaire entre les fournisseurs d’armes et les combattants sur le terrain soit condamné en lieu et place des vrais auteurs des crimes. Ces dernières, ajoute cette ONG, devraient être poursuivis par la CPI pour faire la lumière sur cette affaire. L’association exige une vraie enquête indépendante autour des massacres de Bogoro pour amener devant la Cour les vrais commanditaires afin de dédouaner Germain Katanga de certains méfaits mis au bénéfice de sa jeunesse à l’époque des faits. Comme tout procès, celui de Germain Katanga n'aura pas livré qu’une seule partie de la vérité, se convainc-t-on dans certains milieux.   

Pour rappel, Germain Katanga était inculpé en 2007 pour avoir été un des acteurs dans l’attaque sanglante perpétrée contre le village de Bogoro le 24 février 2003. Sa milice, la Force de résistance patriotique de l’Ituri soutenue par Kinshasa, devait reprendre les territoires de l’Est tombés aux mains de groupes formés par l’Ouganda. Il a été reconnu coupable le 7 mars 2014 de complicité de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre pour avoir fourni des armes aux miliciens.

 

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Germain Katanga