Procès Minova : plus d’une dizaine d’officiers acquittés par la cour

Lundi 5 Mai 2014 - 18:20

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La cour a estimé ne pas avoir assez d’éléments pour établir que les prévenus jugés dans le cadre dudit procès avaient effectivement commis les viols mis sur leur dos.

Après plusieurs atermoiements, le procès mettant en cause trente-neuf militaires des Fardc poursuivis pour viols, meurtres et pillages commis en novembre 2012 à Minova dans le Sud-Kivu, vient enfin de rendre son verdict. Le prononcé du jugement a eu lieu le 5 mai à Goma mettant ainsi fin à un long suspense.  Ouvert depuis novembre 2012, ce procès a été l’objet des vicissitudes sur fond d’une procédure judiciaire laborieuse, mais aussi de pression internationale qui n’ont fait que retarder le verdict. Aujourd’hui, c’est chose faite.

Il ressort du jugement rendu le 5 mai que sur les trente-neuf prévenus, quatorze officiers ont été acquittés, dix-neuf militaires condamnés. Vingt-deux autres sous-officiers ou soldats ont été également acquittés des accusations de viols portés contre eux, mais ont été en revanche condamnés à des peines de 10 ans ou 20 ans de prison pour « violation des consignes, pillages et dissipation de munitions ». Concernant les militaires acquittés, la Cour qui a pris le temps de justifier sa sentence a indiqué qu’elle s'est retrouvée dans l’impossibilité d’établir leur culpabilité sachant qu’un certain nombre d’entre eux n’étaient pas sur les lieux de l'évenement pendant les crimes commis en novembre 2012.

En somme, c’est la quasi-totalité des présumés violeurs qui se sont tirés d’affaires dans ce procès où seulement dix-neuf prévenus ont été condamnés et destitués de leur rang de militaire. La cour n'a, en somme, prononcé que trois condamnations pour viol, constate-t-on.

Un verdict qui est loin de rencontrer l’assentiment des avocats des victimes qui n’ont pas manqué d’exprimer leur dépit en indiquant que cette décision de justice tendait à ignorer superbement les viols massifs perpétrés à Minova. « Pour la cour, il n'y a pas eu de viols à Minova », a déploré l’avocat du collectif des victimes, Me Jean-Claude Zozo, cité par l’AFP. Ce qui est aux antipodes du rapport de la mission de la Monusco consacré à ces évènements. Ce document a, en effet, dénombré « cent trete-cinq cas de violence sexuelle ainsi que d'autres violations graves des droits de l'homme dont des meurtres et des pillages massifs perpétrés par des militaires » du 20 au 30 novembre 2012.

Après la prise de Goma par les rebelles du M23, rappelons-le, les soldats du 391e bataillon de commandos des FARDC ont été accusés, dans leur fuite, d'avoir commis des atrocités à Minova et ses alentours, dans la province du Sud-Kivu.

Alain Diasso