Projet Inga III : la position définitive de la Banque mondiale attendue ce 20 mars

Samedi 15 Mars 2014 - 11:52

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Le conseil d’administration du Groupe de la Banque mondiale (BM) se réunira le vendredi prochain à 17 h (heure de Kinshasa) pour discuter de la question du financement de 73 millions de dollars américains en faveur de la RDC pour l’érection de cet important ouvrage.

Eustache Ouayoro, directeur des Opérations de la BM pour les deux Congo, a annoncé cette importante échéance après une controverse qui a entouré le report de la réunion du conseil d’administration. Récemment encore, le sénat américain a décidé de ne plus approuver des gros projets de construction de barrage hydroélectrique dans le monde. Loin de ne se limiter qu’à l’actualité américaine, des voix se sont élevées pour mettre en garde contre un blocage qui viendrait de l’un des plus influents administrateurs de la BM, en l’occurrence les États-Unis d’Amérique. Prudent, Eustache Ouayoro n’a pas tenu à en rajouter à cette polémique. En effet, jusqu’au 20 mars prochain, rien n’est joué et la RDC peut encore espérer mobiliser ses partenaires au développement pour réaliser une révolution dans le secteur de l’électricité. « Il nous est difficile de faire de l’anticipation. Il y a eu des positions prises par le Sénat américain, nous n’avons pas à les commenter. Nous avons déjà commencé à avoir des discussions avec nos administrateurs avant le passage au conseil d’administration. La teneur de ces discussions parait indiquée que le projet sera soutenu ».

Les raisons d'espérer

Pour ce projet, la BM a mis à contribution ses meilleurs experts dans l’élaboration des études de faisabilité. « Il n’y a pas eu de critiques sur la qualité du document élaboré. On est prêt à avoir ces discussions. On nous a reproché d’avoir oublié les impacts cumulés, nous ne l’avons pas oublié. Il y a dix termes de référence, certains vont régler ces questions. Nous n’avons pas encore fait des études d’impact environnemental. On va les faire quand le projet va passer au conseil d’administration. Nous avons consulté les populations ». Le directeur des Opérations a fait observer que ces termes de référence sont ouverts, mais les équipes sont prêtes, et les dossiers ont été préparés comme il se doit, a-t-il rassuré. Le projet en examen est particulièrement budgétivore. Le don IDA de la BM, 73 millions de dollar américains, servira principalement à mener les études de faisabilité approfondies nécessaires au regard des nombreuses critiques sur le bienfondé d’Inga III. En RDC, le développement du potentiel hydroélectrique s’est situé à moins de 3% en RDC et moins de 10% en Afrique, contre 80% pour les pays occidentaux. L’Afrique doit arriver à produire 1000 MW tous les mois mais elle n’y arrive qu’une fois l’année. L’argent de la BM et de la Banque africaine de développement (Bad), soit une centaine de millions de dollars américains, permettra de mettre en œuvre l’assistance technique nécessaire à la réalisation de ce projet. Il est prévu des études techniques approfondies, notamment géologiques, environnementales et même économiques pour arriver à mettre au point le programme. Sauf qu'il ne s’agit pas d’un financement pour la construction du barrage. Le grand défi est d’arriver à avoir un opérateur privé capable de développer une partie d’Inga III. « Il y aura à peu près 1000 MW d’électricité pour Kinshasa, 1300 MW pour la zone minière du Katanga et 2500 MW pour l’Afrique du sud ». L’importance de l’Afrique du sud n’est plus à discuter dans la possibilité de monter un projet bancable. En effet, avec le concours de la Société financière internationale (SFI), institution de la BM évoluant avec les privés, il faut arriver à capter environ six milliards de dollars sur le marché des capitaux. Pour le secteur public en appui à la RDC, il est attendu 2,5 milliards de dollars. Une structure spécialisée chargée entre autres de négocier les contrats avec l’Afrique du sud et les miniers devra gérer le barrage basse chute (concerné par l’actuel financement de la BM) d’une capacité de 4800 MW. Il y a aussi Inga haute chute, et d’autres Inga pour arriver à la puissance de 40000 MW. Au regard des défis futurs, la date de démarrage du projet Inga III devrait être en 2016, au lieu de 2015 tel qu'arrêtée par le gouvernement.

Laurent Essolomwa