Projet Inga III : plusieurs associations favorables à la suspension du chantier

Mercredi 19 Septembre 2018 - 16:05

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Quarante organisations non gouvernementales (ONG) œuvrant dans le secteur de la gouvernance des ressources naturelles ont plaidé pour l'arrêt de l'initiative jusqu’à l’obtention des garanties de bonne gouvernance, eu égard au manque de transparence qui caractérise son exécution.

Où en est-on avec le projet Inga III ? Difficile de répondre à cette interrogation d’autant plus que rien ne filtre de ce dossier depuis que la Banque mondiale a décidé, en mi-2016, de suspendre sa participation sous forme d'un don de plusieurs dizaines de millions de dollars. L’institution financière internationale entendait ainsi exprimer sa réprobation quant à la manière dont les autorités congolaises ont piloté le projet en lui imprimant une orientation stratégique différente.  

Depuis lors, une certaine léthargie s’est installée dans l’exécution du projet. L’opacité qui entoure ce dossier laissé aux bons soins de la présidence de la République alimente les spéculations de tout genre. Rien ne filtre sur les différents contrats obtenus ni sur l’évolution du projet, à en croire les associations membres de la Coalition des organisations de la société civile pour le suivi des réformes et l’action publique qui ont exprimé, le 18 septembre, leur désappointement. Elles sont quarante ONG œuvrant dans le secteur de la gouvernance des ressources naturelles à avoir plaidé, au cours d’une conférence de presse, pour la suspension du projet hydroélectrique Inga III jusqu’à l’obtention des garanties de bonne gouvernance. Ces associations ont donc appelé à un moratoire sur la signature de tout accord de collaboration ou d’autres contrats concernant ce projet jusqu’à ce que les garanties de sa bonne gouvernance et de la protection des droits des communautés locales soient établies.

Tout en dénonçant le manque de transparence et de surveillance démocratique de ce projet, ces ONG refusent de le voir sombrer, comme d’autres, dans les méandres de l’oubli et de l’immobilisme au grand dam des Congolais qui en sont sortis perdants. « Il ne faut pas que la RDC ressorte perdante dans cette affaire comme ce fut le cas avec les projets Bukanga Lonzo, Inga I et Inga II. Ces projets ont coûté trop cher au pays sans répondre aux attentes de la population », a fait savoir  Me Jean Keba de l’Association africaine de défense des droits de l’homme. Evoquant le cas du projet Bukanga Lonzo - non prévu dans le budget - qui a englouti des dizaines de millions de dollars sans que le pays n’en tire un bénéfice, il a regretté l’opacité ayant caractérisé son exécution. Conséquence :  en juillet dernier, Africom commodities a soumis le dossier à l’arbitrage et porté plainte contre le gouvernement congolais pour tenter de récupérer près de vingt millions de dollars qui lui reviennent, selon l’entreprise, en lien avec l’échec du projet agricole, à en croire la même source. Pour ces ONG, cette situation ne doit plus se répéter.

Les organisations signataires ont aussi exprimé leurs inquiétudes sur le fait que les plans actuels du projet Inga III ne protègent pas les intérêts et les droits des communautés affectées. Elles tirent la sonnette d’alarme sur le fait que tout paiement censé être effectué par des partenaires au projet, dans le contexte actuel en lien avec Inga III, ne ferait que renforcer un système corrompu et abusif. A cet effet, elles ont invité tous les acteurs nationaux et étrangers intéressés « à suspendre tout accord jusqu’à ce que de nouvelles institutions légitimes soient établies avec les garanties de transparence et de bonne gouvernance du projet ».    

Pour rappel, ce barrage devra produire 4 800 MW (l'équivalent d'environ trois réacteurs nucléaires EPR de troisième génération) dans un pays où moins de 10% des habitants ont accès à l'électricité. L'Afrique du Sud a signé une option préférentielle pour récupérer 2 500 MW et la majeure partie du reste de la production est censée aller vers les groupes miniers du Katanga (sud-est), handicapés régulièrement dans leur activité par une pénurie chronique d'énergie.

Alain Diasso

Notification: 

Non