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A propos d'un monde qui change ...

Dimanche 15 Juillet 2018 - 16:53

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Soyons honnêtes avec nous-mêmes : personne n'aurait imaginé, il y a près de vingt ans, lorsqu'approchait à grands pas le vingt et unième siècle de notre ère, que le monde changerait aussi vite et de façon aussi radicale. Ni les dirigeants, ni les élus, ni les observateurs, ni les scientifiques, ni les philosophes, ni les artistes, ni les simples citoyens ne pouvaient croire, imaginer que leur environnement se modifierait de façon telle qu'augurer de l'avenir immédiat ou lointain deviendrait pratiquement impossible.

Prenons trois exemples pour éclairer ce propos :

- Premier exemple : la diplomatie, c'est-à-dire les rapports entre les peuples. En deux décennies, l'univers issu des deux guerres mondiales puis de la guerre froide a volé en éclats : les Etats-Unis ont entamé un repli sur eux-mêmes qui déstabilise le camp occidental, la Russie est redevenue une puissance de premier plan qui s'emploie à reconstituer son empire, la Chine s'impose comme le premier acteur de la scène internationale, l'Europe se divise sur la question identitaire au point de mettre en péril son unité si chèrement acquise, l'Afrique et l'Amérique latine s'organisent certes lentement mais sûrement pour traiter d'égales à égales avec les "grands" de l'hémisphère nord. Bref, ce qui était vrai hier ne l'est plus aujourd'hui et les nouveaux rapports de force entre les nations modifient de façon radicale les règles du jeu planétaire.

- Deuxième exemple : l'économie, c'est-à-dire les relations commerciales et financières entre les continents. Si le libéralisme l'a emporté progressivement sur le communisme et a imposé, au moins en apparence, l'économie dite "de marché", il a aussi généré un mouvement inverse qui ne se manifeste pas encore de façon très claire mais que l'on voit sourdre peu à peu dans le comportement des "Grands", la Chine et les Etats-Unis tout particulièrement. L'"America first" de Donald Trump et la "Nouvelle route de la soie" de Xi Jinping prouvent que le commerce, la finance, l'industrie, la recherche scientifique sont les armes principales de la lutte d'influence à laquelle se livrent les puissants de ce monde et que ces armes sont employées clairement, sciemment par les dirigeants afin de renforcer l'influence de leur pays à l'échelle planétaire.    

- Troisième exemple : la technologie, c'est-à-dire la maîtrise des moyens matériels qui domineront demain les sociétés humaines. Ayant démontré avec l'informatique, la numérisation, la transmission électronique, la biologie, les recherches sur l'homme artificiel le pouvoir que les nouvelles technologies confèrent aux nations capables de les développer, les pays riches se lancent depuis peu dans une compétition effrénée dont le développement des armes spatiales donne une idée aussi précise qu'inquiétante. Loin de tirer les leçons de ses dérives antérieures, l'homme moderne se comporte encore plus qu'hier comme un apprenti-sorcier ; il se lance dans des recherches, des expérimentations, des réalisations dont le pire sortira à plus ou moins brève échéance si la raison ne l'emporte pas très vite sur l'instinct destructeur.

Quitte à passer pour un doux rêveur, disons, pour conclure provisoirement sur le sujet, que si l'homme moderne ne place pas au coeur de sa réflexion la préservation  de son espèce et la protection de ses peuples contre les mauvais instincts ; le siècle dont nous vivons les premières décennies lui réservera de mauvaises, très mauvaises surprises. Exactement comme cela s'est produit au siècle dernier, mais avec des conséquences bien pires étant donné la puissance des moyens de destruction qui se dessinent et la volonté croissante des "grands" de dominer la communauté humaine.

Que l'on croit ou non dans l'existence d'un autre monde où nous pourrions être jugés demain, l'humanisme, la morale, le respect de l'autre, la paix mais aussi la protection de la nature et le respect de l'environnement sont les seules valeurs qui peuvent nous permettre d'éviter le pire auquel nous préparent les changements en cours dans la sphère internationale. Aujourd'hui encore plus qu'hier, science sans conscience n'est que ruine de l'âme !

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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