Protection des biens culturels : les Congolais sensibilisés aux enjeux de la convention de 1954

Lundi 12 Décembre 2016 - 16:15

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Les travaux de de réflexion sur l’avenir du patrimoine national de la République du Congo, à travers la Convention pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé adoptée à la Haye (Pays-Bas), en 1954, ont été ouverts par Emma Mireille Opa Elion, directrice de cabinet du ministre de la Culture et des arts, le 09 décembre dernier au siège dudit ministère.

Dans son mot préliminaire, Nicole Matsanga Bambi, directrice des Musées, monuments et sites historiques, a déclaré que c’est dans le cadre de la mise en œuvre du programme des activités culturelles du biennium 2016-2017 appuyé par l’Unesco que s’inscrit ce projet. L’objectifs : sensibiliser les parlementaires, la force publique et le public sur les enjeux de la convention ; présenter l’intérêt de ratifier la convention 1954 par la République du Congo. Il s’agira pour les communicateurs et participants de réfléchir sur les différentes causes de dégradation du patrimoine en cas de conflit, de montrer l’intérêt de la convention de 1954 afin de justifier son processus de ratification.

Chaque fois comme après le passage d’une tempête, le patrimoine congolais est rasé et emporté avec son identité. Il faut agir. « Conscient de ce que représente ce patrimoine à la fois pour nous et pour nos progénitures, des actions urgentes s’imposent et nous inscrivent aujourd’hui dans ce processus de ratifications des mesures internationales afin de ne plus replonger dans ce scenario lugubre. »

Pour la représentante de l’Unesco en République du Congo, Ana Elisa de Santana Afonso, la tenue de cet atelier, réitère la volonté du gouvernement de la République du Congo de préserver et de mettre en valeur le patrimoine national, même en cas de conflit armé.

La République du Congo n’est pas encore signataire de la Convention de 1954. Pourtant, par le passé, le patrimoine culturel et naturel du Congo a été l’objet des dégradations et de destructions irréparables. D'ou l'importance de ratifier cette Convention, une manière de renforcer les dispositions normatives prises par le gouvernement, notamment la ratification de certaines conventions internationales et l’adoption des textes juridiques comme la Loi n°9 de 2010 portant orientation de la politique culturelle en République du Congo et la Loi n°8 de 2010 portant protection du patrimoine national, culturel et naturel en République du Congo.

Les citoyens congolais des villes de Sibiti, Owando et Kinkala se rappellent certainement avec regret et nostalgie, de leurs musées détruits et spoliés lors des différentes troubles socio-politiques qui le pays a connus.  La jeunesse de ces villes ne pourra plus jamais s’en inspirer et apprécier les créations contemporaines des Trésors uniques produits par les mains de maitre de leurs ancêtres. Les jeunes seront privés du savoir des objets et mobiliers du quotidien, ils seront ignorants sur les mythes, les croyances et les rites qu’incarnaient les sculptures et les masques exposés dans ces musés. Avec la destruction préméditée d’un musée, d’une réserve, d’une forêt sacrée ou d’un palais royal, c’est bien une partie d’un peuple qui se meurt, c’est bien une atteinte au respect de la diversité culturelle. C’est un élément constitutif de l’identité d’un peuple qui devient muet pour les générations futures. Ces objets et biens culturels renflouent le marché illicite de l’art. Le Congo et l’Afrique s’appauvrissent de leur patrimoine, des témoins et des sources de leur histoire.

Enfin, elle a marqué la disponibilité de l’Unesco de continuer à soutenir les efforts du gouvernement du Congo visant à promouvoir le secteur de la culture, comme un des leviers du développement durable.

Ouvrant les travaux, la directrice de cabinet du ministre de la Culture et des arts, Emma Mireille Opa Elion, a reconnu qu’au plan culturel, c’est toute l’idée même de la civilisation qui recule. En effet, les valeurs qui devaient être défendues avec acharnement ont été purement et simplement méprisées à travers, entre autres, la destruction des biens culturels qui pourtant sont porteurs de l’identité et de la richesse de l’Afrique.

« Le Congo, notre pays, comme d’autres, a traversé des forts moments de turbulence sociopolitique ces dix dernières années. Méconnaissant sa valeur, les différentes parties dans les conflits fratricides ont détruit leur patrimoine culturel, témoin de leur identité. L’Unesco, après avoir constaté qu’au cours des conflits armés, le patrimoine culturel de certains pays subissait de graves dommages, a adopté, en 1954, la convention portant protection des biens culturels en cas de conflits armés. Cette convention n’a pas encore été ratifiée par notre pays », a-t-elle précisé.

Le gouvernement congolais, dans sa politique de modernisation des infrastructures urbaines, a intégré la réhabilitation de plusieurs sites et monuments historiques victimes de la barbarie humaine. Il s’agit entre autres de : la basilique Sainte Anne, l’Eglise protestante de Poto-Poto, l’esclave libéré dit Ondongo très fâché…

Notons que la ratification de cette Convention est d’un grand intérêt pour le Congo du fait qu’elle assure une protection internationale du patrimoine culturel nationale et permet au Congo de bénéficier d’une assistance en temps de conflit et en période post conflit. Qu’elle favorise la formation du personnel en protection de biens culturels en période de conflit.

Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : la directrice de cabinet du ministre de la Culture et des arts, entourée de la représentante de l'Unesco (à gauche) et de la directrice des musées (à droite) Photo 2 : photo de famille à l'issue de la cérémonie d'ouverture

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