Province Orientale : la relocalisation des FDLR vers Kisangani marque le pas

Mercredi 13 Août 2014 - 17:35

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Les ex-rebelles hutus rwandais démobilisés redouteraient les éventuelles représailles qu’ils pourront subir de la part de la société civile et des autorités locales hostiles à leur transfert dans cette partie du pays.

Les combattants des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) récemment désarmés et leurs dépendants continuent de traîner le pas sur le sol congolais, concentrés dans des camps de la Monusco installés au Nord-Kivu. Alors que le processus de leur rapatriement au Rwanda est déjà enclenché, ces ex-rebelles hutus rwandais affichent curieusement un désintérêt à la perceptive de leur retour au bercail. Une volte-face qui surprend, outre mesure, lorsqu’on s’en tient aux assurances émises durant le processus de leur désarmement. Tous ont reconnu le bienfait de cette opération et ont manifesté l’envie d’aller rejoindre les leurs au Rwanda après près de vingt ans passés en RDC. Le processus de leur rapatriement qui, pourtant, semblait bien se négocier vient de subir un sérieux revers suite à leur refus de se rendre à leur lieu de transit à Kisangani en Province Orientale.

En effet, rapportent les sources onusiennes, la centaine de combattants et les deux cents membres de leurs familles actuellement regroupés à Kanyabayonga (Nord-Kivu) n’ont pu être acheminés comme prévu le 9 août à Kisangani. Les véhicules de la Monusco chargés de les transporter sont rentrés vides, les FDLR ayant catégoriquement refusé d’y monter. Et pour cause ? Les combattants démobilisés redouteraient les éventuelles représailles qu’ils pourront subir de la part de la société civile et des autorités locales à Kisangani hostiles à leur transfert dans cette partie du pays. À cela s’ajoutent des réticences sur fond de réminiscence du triste passé que constitue le massacre de près de plus de 300 000 réfugiés hutus dans les camps de réfugiés à Mbandaka (Équateur) et à Kisangani (orientale) entre septembre 1996 et avril 1997 dans la foulée de la « révolution afdélienne » ayant porté feu Laurent-Désiré Kabila au pouvoir.

« (…) S’il n’y a pas des mouvements de Kanyabayonga vers Kisangani, il ne peut pas y avoir d’autres combattants qui rendront leurs armes et ça sera la lutte armée », a déploré le chef de bureau de la Monusco au Nord-Kivu, Ray Virgilio Torres. Ce dernier estime que ce refus des FDLR de se rendre à Kisangani « est une violation manifeste de la volonté exprimée par ces combattants à mettre fin à la lutte armée ». Le diplomate onusien reconfirme, par ailleurs, l’option militaire qui demeure toujours d’actualité en vue de contraindre les FDLR réfractaires à la reddition de s’y soumettre. La semaine dernière déjà, le patron de la mission des Nations unies en RDC, Martin Kobler, leur avait lancé un dernier avertissement, les appelant à « désarmer maintenant ». Du côté du gouvernement, l’on se veut plutôt serein. « Ils vont partir, ce ne sont là que des petits problèmes de détails », a expliqué le porte-parole du gouvernement Lambert Mende Omalanga. À noter que le transit de ces ex-rebelles des FDLR vers Kisangani est prévu pour environ un mois avant leur acheminement à Irebu (Équateur). Quant au processus de leur relocalisation dans un pays d’asile, il pourra prendre six mois.

 

 

 

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Des éléments FDLR