Opinion

  • Humeur

Quand des cités rurales se municipalisent, l’exode rural s’éteint !

Samedi 1 Août 2015 - 14:30

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel


Bien avant la décennie 70 et jusqu’à une date récente, les mouvements migratoires des populations rurales vers des villes avaient considérablement vidé des campagnes et villages. Et maintenant, grâce aux effets de l’urbanisation et de toutes les activités créatives d’emploi qui l’entourent, la chose s’est stabilisée et la tendance s’inverse aux yeux de tous. Les citadins d’hier ont plus tendance à aller occuper des parcelles de terrains dans des cités rurales en pleine urbanisation. Et les comédiens parleraient même de l’« exode urbain ».

Tenez ! Si la ville se distingue de la campagne par son genre de vie et la multiplication des services et biens, aujourd’hui sans le moindre risque de nous tromper on pourra dire, par exemple que, le Congolais qui vit dans la communauté urbaine de Sibiti, grâce à l’urbanisation n’aura rien à envier à son compatriote vivant soit à Dolisie ou à Brazzaville. L’eau potable, l’électricité, le transport, les commerces, services et administrations, le transport en commun et  les voiries urbaines sont là. De même on peut aussi ajouter la présence désormais de l’emploi salarié, les structures sanitaires, les services de téléphonie mobile, les infrastructures sportives, et bien d’autres dans ces nouvelles cités. D’où, peut-on  affirmer haut et fort que si l’« urbanisation rentre par la grande porte dans une cité rurale, l’exode rural faiblit de lui-même ».

Oui hier des jeunes gens ruraux nourrissaient l’idée d’aller en ville soit pour trouver du travail salarié ou soit pour un genre de vie meilleure. Maintenant les mêmes conforts socio-économiques, socio-culturels ou infrastructurels ne sont plus que l’exclusivité de Brazzaville, Pointe-Noire, Dolisie ou Ouesso, ils sont le propre de toutes les cités urbanisées et celles en voie de l’être. On  capte bien toutes les chaînes de télévision nationales ou étrangères aussi bien dans la communauté urbaine de Madingo-Kayes dans le Kouilou que dans une autre communauté urbaine d’un autre département. Encore que l’érection des chefs-lieux des sous-préfectures en communautés urbaines a été l’un des facteurs fort de la transfiguration de la ruralité en urbanité. Et ajouté à ce facteur, le désenclavement de ces localités qui pour la plupart sont déjà connectées entre elles par la construction tous azimuts des routes. Ces travaux de construction qui, somme toute, sont devenus récurrents dans les départements occasionnent les flux migratoires des citadins des grandes agglomérations vers ces cités en pleine urbanisation.

Et lorsqu’on observe la manière dont les campagnes s’urbanisent et le genre d’activités qui sont créées autour de cela, on est à mesure d’affirmer que très bientôt l’exode rural au Congo ne restera qu’un lointain souvenir pour tous ceux qui l’avaient vécu. Tenez ! Qu’est-ce qu’un jeune de Ouesso peut venir encore chercher à Brazzaville, si sur place il peut travailler, consommer de l’eau potable, avoir de l’électricité, bénéficier des mêmes services, administrations et infrastructures que celles de Brazzaville ? Il ne lui restera que l’instinct humain de vouloir connaître les autres localités de son pays. Donc avec l’urbanisation des cités rurales, c’est plutôt le mouvement contraire qui va se produire, car il ne sera pas rare de voir des jeunes quitter des grandes agglomérations pour des cités rurales nouvellement urbanisées.

Et si d’un côté les cités rurales s’urbanisent et de l’autre les emplois et des activités salariales se créent, la nouvelle génération aura même de la peine à croire qu’il y a eu au Congo des années où le mot « exode rural » était sur toutes les lèvres et était même l’un des sujets phare dans des évaluations. Aujourd’hui, la donne est en train de changer. Et  pour mesurer ce pouls, il suffit d’interroger à souhait certains Congolais, nombreux vous diront que les « choses ont changé ».

Et objectivement parlant, des bons et vrais observateurs de la sociologie congolaise n’hésiteront pas de dire que l’urbanisation de nos cités rurales a « tué » l’exode rural au Congo.

                                    

Faustin Akono

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

Notification: 

Non

Humeur : les derniers articles