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Quand l’âge avancé est un handicap dans la vie sociale

Lundi 14 Avril 2014 - 4:27

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Dans tous les domaines de la vie, à savoir l’enseignement, la police, l’armée, le sport, la politique, la médecine, le management, la religion, la culture, le journalisme et bien d’autres, les débats sur les questions de l’âge sont en train de perdre leur substance. Tout comme les jeunes, les hommes d’âge avancé continuent de faire leurs preuves dans les différents secteurs de la vie. On peut se pencher sur les deux cas de figure que sont la religion et la politique. Dans ces domaines, d’une manière générale, c’est la gérontocratie qui a marqué les esprits et continue de le faire.

Nonobstant la convention juridico-sociale qui fixe dans tel ou tel pays l’âge de la retraite à 55, 60 ou 65 ans révolus, la personne du troisième âge n’est pas toujours en déphasage avec la nouvelle donne socioéconomique ou socio-culturelle. Douée de toutes ses facultés cognitives, elle continue, si elle le veut, à être inventive, novatrice, créatrice, bref meneuse d’hommes. Il serait donc injuste de considérer que les vieux sont en mal d’idées neuves et que les innovations ne sont qu’une émanation de la jeunesse. La pensée humaine est une chose subtile et informe capable de se façonner selon les circonstances, quel que soit l’âge. Dans de nombreuses sociétés, il y a donc des « vieux jeunes », c’est-à-dire des hommes dont l’âge est avancé, mais qui sont capables de se remettre en cause pour s’adapter au contexte socio-temporel.

En revanche, il peut aussi exister des « jeunes vieux », c’est-à-dire des jeunes qui refusent d’évoluer, se référant au cliché statique qui rejette l’évolution sociale. En réalité, le débat « mieux vaut un jeune qu’un vieux ou inversement » est un faux débat. L’avancée en âge n’est pas synonyme d’incapacité à exercer ses fonctions socialement ou politiquement, voire religieusement. Et la question intéresse aussi bien les juristes que les sociologues, anthropologues et les nombreux spécialistes des sciences sociales et humaines. Même au niveau de la cellule sociale de base qu’est la famille, le pater familias peut être un vieillard doué et expérimenté capable de faire avancer socialement la dynamique familiale, car il n’est pas dit que c’est parce qu’on a un âge avancé que l’on est en mal de savoir ou de connaissances.

Encore que le constat est que le plus souvent ceux qui forment la cohorte compacte des conseillers autour d’un chef sont en majorité d’un âge avancé, quelquefois même retraités, mais cela ne les empêche pas d’exercer avec abnégation la tâche qu’ils sont appelés à exécuter sur les plans social, politique, administratif, culturel, sportif, cultuel, financier, économique, éducatif et autres. Ce n’est pas parce qu’ils sont vieux que ces conseillers n’ont pas d’avis à émettre sur les dossiers qui sont soumis par les chefs à leur appréciation. Un recul historique de quelques années dans la cosmogonie africaine fait observer que ce sont les vieux qui ont vu passer de nombreuses générations qui avaient de fortes probabilités d’accès aux divers postes à responsabilité en management d’hommes dans les villages.

En clair, l’âge avancé n’arrête pas le renouvellement de la pensée humaine. Celle-ci est appelée à se façonner durant toute la trajectoire de la vie. Cette pensée peut se renouveler, s’amender selon les circonstances. Le dicton populaire qui dit que la sagesse n’a pas d’âge peut aussi être balayé d’un revers de main, en disant que certaines lourdes charges ne peuvent être portées par des enfants de trois ans. Ce n’est pas parce qu’un gamin est sage que la société lui donnera des fonctions difficiles pouvant dans une certaine mesure l’asphyxier. Ainsi, pour paraphraser la pensée d’un patriarche congolais qui avait solennellement déclaré au cours d’une circonstance publique, les vieux souliers se chaussent plus facilement que les chaussures nouvellement acquises.

Le vrai âge avancé se ressent dans la lourdeur de la charpente osseuse et non dans la pensée qui peut se renouveler constamment. Cela étant, cessons de penser que l’âge avancé est un handicap social, politique ou économique.

Faustin Akono

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Édition Quotidienne (DB)

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