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Quand l’endogamie exacerbée porte les germes du repli identitaire !

Lundi 21 Août 2017 - 15:33

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En des termes simples, l’endogamie renvoie à une problématique matrimoniale dans laquelle la partenaire est choisie dans son clan, son ethnie ou sa tribu. Cette manière d’agir et de faire s’oppose matrimonialement au choix de la partenaire en dehors du clan ou de la tribu appelé l’exogamie. Alors ce deuxième mariage est à encourager, car il favorise l’ouverture des ethnies et des clans des régions différentes sur les clans et les tribus d’autres régions du même pays favorisant ainsi le vrai brassage des compatriotes.

Et la question que l’on se pose souvent est la suivante : « Est-ce qu’il est important pour le Congolais de prôner très fort et de façon soutenue le mariage endogamique ? ». La réponse brutale est non parce que ce genre de mariage, s’il se généralisait dans le pays, est porteur des germes d’un mutuel rejet entre les clans et les tribus n’appartenant pas à des mêmes départements. Donc, de là naîtront des divisions tribales. Car ces mariages à forte dose endogamique sont une manifestation de l’ethnocentrisme voilé ou déguisé. Or, l’ethnocentrisme est une porte ouverte vers le refoulement des autres et il tourne le dos aux ambitions nationales.

Ainsi, on ne le dira jamais assez, la Nation se veut un brassage ou une imbrication des tribus et des clans, car là où il y a trop de montée de l’ethnicité à travers les mariages endogamiques, c’est l’affaiblissement de la Nation, c’est-à-dire les ambitions nationales payeront le lourd tribut et ne seront pas du tout atteintes. Tenez ! Une regrettable situation s’était passée dans l’un des quartiers de nos villes où nous tairons le nom. Des parents d’un jeune homme avaient refusé d’aller assister à la cérémonie de la dot de leur future belle-fille parce que, semble-t-il, cette dernière n’était pas du clan, disons-mieux de la tribu que son futur mari. Comportement à la fois blâmable et regrettable. Et les choses ne s’arrêtent pas là, car il y a d’autres parents qui ne se gênent pas à  poser toujours cette honteuse question à leurs enfants dès que ces derniers leur annoncent une future alliance : « Ton mari là ou ta femme là est d’où ? ».

Ainsi d’une façon sui generis, les mariages endogamiques sont une survivance des replis identitaires qui sont aussi un facteur de certains déchirements sociaux voire parfois socio-politiques. On peut corroborer cette assertion en lisant les écrits du sociologue Jean-Claude Kaufmann dans son ouvrage « Identités : la bombe à retardement ». Il lance ainsi un cri d’alarme face au développement de certaines dérives identitaires qui pourraient conduire à des grandes violences.

Alors pourquoi ne pas voir amplifier les mariages exogamiques du genre le jeune « pounou » de la Bouénza former un foyer avec la jeune « mbondjo » de la Likouala, le jeune « ngaré » de la Cuvette avec la jeune « vili » du Kouilou, le jeune « mbochi » des Plateaux avec la jeune « mbéti » de la Cuvette-Ouest,  le jeune « bakouélé » de la Sangha avec la jeune « lari » du Pool et vice-versa. Du coup, cela enlèvera dans l’imaginaire du jeune congolais cet esprit grégaire généré par certains parents qui sont restés dans les stéréotypes devenus désuets.

Hormis l’aspect décrié du mariage endogamique exacerbé et généralisé qui pousse vers le repli identitaire, il y a aussi un côté que l’on ne parle pas assez qui est celui de la porte ouverte vers l’inceste, un parent qui prend comme épouse la fille de son oncle, c’est un désordre social trop archaïque. Comme on le voit, le mariage endogamique ne devrait plus être trop pratiqué, car il est l’un des freins pour le déroulement de la Nation.

 

Faustin Akono

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