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Quand les radios locales s’écartent de leurs fonctions prioritaires

Lundi 25 Novembre 2013 - 0:24

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C’est un constat : au lieu de bâtir leurs grilles de programmes sur des émissions ayant pour finalité d’amener les populations à participer massivement au développement socioéconomique et socioculturel du pays, certaines radios sont devenues des instruments de vacarme et d’ethnocentrisme.

En réalité, ces radios sont ce que veulent en faire leurs propriétaires, et ainsi, sans peut-être s’en rendre compte, s’écartent-elles petit à petit de leurs fonctions médiatiques. Il suffit de sillonner nos sous-préfectures et préfectures et écouter ce qu’elles diffusent : des émissions, qui le plus souvent n’ont rien à voir avec la grille standard des radios locales qui est celle d’informer, éduquer, distraire et participer au processus de développement de la contrée. Ces radios dites de proximité cessent de l’être en devenant autre chose que cela.

Et pourtant ces radios ont un atout incontestable, celui de parler la langue de la contrée afin que les émissions d’intérêt local et national soient bien suivies et bien comprises par une population même analphabète. Oui, la radio informe, éduque, distrait, mais ces radios sont plus des instruments de distraction et de diffusion d’émissions alimentant des haines tribales. Elles sont pour la plupart précipitamment créées lors d’événements, notamment à la veille de campagnes électorales, et vite fermées après quelques mois par manque de conviction médiatique, ou par déficit d’émissions nodales constituant le vrai centre de gravité d’une radio locale, dite de proximité.

Alors, voici la question que l’on se posera : à quoi bon créer une radio dans une localité si celle-ci n’a pas pour mission essentielle de contribuer à la formation de l’opinion locale sur des questions d’intérêt général ? Ces prétendues radios locales sont le plus souvent identifiées à travers des constats objectifs faits par leurs propriétaires, et elles deviennent donc un instrument de propagande. Et l’on remarque que si la contrée a une diversité de dialectes, le plus utilisé reste celui de son propriétaire, les autres sont comme laissés pour compte. C’est de l’ethnocentrisme médiatique.

Dans les quartiers de nos villes, certains acteurs ont voulu expérimenter ces actions en créant des radios, mais malheureusement ils sont tombés dans leurs propres pièges, et ces radios n’ont vécu que le temps d’une rose par manque d’ambition médiatique bien définie. Or la radio ne devrait pas avoir comme principe la propagation d’idéaux tribaux, elle est un instrument de formation d’une saine opinion sur des sujets sociaux, économiques, politiques, éducatifs, culturels, sportifs, et bien d’autres, œuvrant pour l’épanouissement à la fois de l’homme lui-même et du pays.

Ces radios locales devraient s’identifier aux radios communautaires afin de participer au processus de développement local en facilitant les prises de décision tenant compte des limites et contraintes identifiées qui entravent ledit processus. Une radio locale digne de ce nom peut faire prendre conscience aux populations de tares socioculturelles qui sont des obstacles au développement. La création de ces radios tend à devenir une mode, c’est par snobisme qu’elles sont créées, et sans ambitions communicationnelles définies.

Dans cet océan de médias locaux présentant des tableaux teintés d’ambitions éloignées des fonctions normatives d’une radio locale, il y en a bien qui sortent la tête de l’eau et s’efforcent d’amener les populations de la contrée à participer au processus de développement à travers une grille de programmes bien choisis, avec des émissions en vernaculaire suscitant une grande adhésion populaire. C’est de ce genre de radios locales que le pays a besoin.

Faustin Akono

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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