Quartier Batetela : des déguerpissements à grande échelle

Mardi 10 Septembre 2013 - 18:00

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Cent quarante familles en colère habitant les immeubles Arwimi, Kwango, Semois, Kasaï et Mongala, appartenant tous à l’État, ont accentué la pression sur les animateurs des institutions de la République sans arriver à surseoir l’instruction de la primature ayant conduit aux lettres de résiliation des contrats.

Devant le non-aboutissement des démarches entreprises à différents niveaux, ces habitants ont affirmé vivre avec la crainte de faire face à des « déguerpissements brutaux ». Ils ont rejeté la raison évoquée par la primature de transformer ces logements, pour la plupart en état de vétusté avancé, en bureaux pour les services publics. Selon eux, l’État ne manque pas de bâtiments ou de terrains disponibles capables d’aider à l’érection d’une cité administrative en pleine commune de Gombe. Ils ont dénoncé le caractère illégal et antisocial de cette instruction.

Dans sa correspondance à la commission des sages de l'Assemblée nationale, l’Intersyndic des immeubles a soulevé quelques problèmes posés par les déguerpissements qui demeurent illégaux, ont-ils rappelé. En effet, il a fait état, par exemple, de la rupture de contrat de bail sans une mise en demeure. Autre problème, la rupture de contrat par le secrétaire général à l’Urbanisme et habitat, en lieu et place de son ministre, en violation du droit administratif congolais. Aussi les habitants des immeubles concernés ont-ils cherché une intervention pour l’application stricte de la lettre du ministre de l’Urbanisme et habitat, suspendant les mesures de déguerpissement des locataires occupant les appartements et maisons du domaine privé de l’Etat, au nom de la préservation de la paix sociale. Ils ont également insisté sur la difficulté pour une famille de fonctionnaires, de locataires et d’officiers de l’armée et de la police de réunir la garantie locative. Ils se sont insurgés du fait que l’État n’a pas pris le soin d’indiquer l’endroit où les fonctionnaires locataires ainsi déguerpies devront se rendre avec leurs familles. Cela entraînera aussi d’autres effets néfastes, dont le risque de déperdition scolaire des élèves.     

Dans une correspondance datant de fin juillet 2013 et adressée à la primature, le collectif des habitants des immeubles représentant exactement 140 familles a avancé des raisons d’annuler cette instruction. Revenant sur le déguerpissement des 28 familles, le 28 octobre 2012 à l’immeuble Ubangi, les habitants ont dénoncé la brutalité de l’opération. Selon eux, l’instruction remontait du temps du gouvernement dirigé à l’époque par le défunt Premier ministre, Nguz-a-Karl I Bond, en 1992. Pour eux, il s’agit d’une mesure caduque, au regard de son caractère antisocial. Dans cette correspondance adressée à la primature, les habitants ont cerné les différentes préoccupations posées par cette instruction, notamment la non-prise en compte du faible pouvoir d’achat des locataires sur le point d’être déguerpis, la disponibilité des terrains pour la création d’une cité administrative, les ambigüités de la politique de l’habitat du pays, le discrédit sur le pays et le gouvernement de l’instruction, et le non-respect des procédures. « En chassant les concitoyens des immeubles de l’État à caractère social, le gouvernement a violé la constitution dans son article 48 et la loi. Le gouvernement est appelé à remettre en leurs domiciles les vingt-huit familles qui en ont été délogées indûment et de s’abstenir d’aller de l’avant avec le projet de déguerpissement ».

Laurent Essolomwa