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Quelle place pour l'Afrique dans le concert des nations ?

Samedi 28 Mai 2016 - 14:10

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Recevant la semaine dernière des journalistes congolais lors d'un petit déjeuner aussi amical qu'informel, l'ambassadeur de Chine s'est vu poser la question suivante : que compte faire la Chine dans les années à venir pour aider l'Afrique à obtenir la place qui devrait être la sienne dans la gouvernance mondiale en raison de son poids humain, de sa dimension géographique, des ressources naturelles qu'elle détient ?

Loin de répondre à cette question en usant de formules vagues, comme nombre de diplomates l'auraient sans doute fait à sa place, Xia Huang a dit clairement que son pays fera tout ce qui est en son pouvoir pour amener les grandes puissances à réformer enfin des institutions internationales qui ne reflètent guère les réalités du temps présent. Il a évoqué, notamment, le Conseil de sécurité des Nations unies où l'Afrique ne détient toujours pas de sièges permanents et il s'est prononcé clairement en faveur d'une réforme globale de la gouvernance mondiale.

Un tel propos, tenu à quelque onze mille kilomètres de Beijing, alias Pékin, dans un cadre amical ne signifie nullement que la Chine, en passe de devenir la première puissance mondiale, compte faire du rééquilibrage des pouvoirs à l'échelle planétaire l'un des objectifs majeurs de sa politique étrangère. Mais il indique clairement, c'est en tout cas le sentiment des observateurs que nous sommes, que les autorités de l'Empire du milieu réfléchissent enfin sérieusement au processus qui permettrait à l'Afrique de mieux faire entendre sa voix dans le concert des nations.

Si l'on y réfléchit bien l'enjeu est, en effet, considérable. Outre le fait qu'en se faisant l'avocat de l'affirmation du continent dans la gouvernance mondiale, la Chine accroitrait fortement sa propre influence en lui donnant une dimension planétaire, une telle politique permettrait à ses dirigeants d'accélérer le processus qui se dessine de plus en plus nettement et qui vise au rééquilibrage géopolitique imposé au reste du monde par les Etats-Unis et l'Union soviétique lorsque prit fin la deuxième guerre mondiale, il y a soixante-dix ans.

Il ne fait aucun doute à nos yeux que si, effectivement, le président Xi Jinping fait de ce rééquilibrage l'un des axes principaux de la diplomatie chinoise, il renforcera nettement les positions de son pays. Au moment même où celui-ci contribue de façon décisive à l'émergence de l'Afrique en l'aidant à construire ses grandes infrastructures et à mieux exploiter ses immenses ressources naturelles, il donnera à la diplomatie chinoise une toute autre dimension. Et comme, dans le même temps, l'influence de l'Europe ne cesse de diminuer du fait de ses divisions internes il affaiblira le camp occidental face à un monde émergent dont le poids ne cesse de croître.

Face à une équation mondiale dont les termes changent rapidement les Africains feraient bien de se concerter mieux qu'ils ne le font sur les questions stratégiques. Alors, en effet, ils pourraient tirer de grands avantages de l'appui qu'est manifestement prête à leur apporter la Chine pour accroître sa propre influence sur la scène internationale.

  

 

 

  

 

 

 

 

 

 

         

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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