Rassemblement : la légitimité et les vertus politiques feraient face à l'achat des consciences

Lundi 13 Mars 2017 - 14:55

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La crise au Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement (Rassop), méga plate-forme de l’opposition congolaise, continue de défrayer la chronique.

La duplicité de tendances, ou plutôt le bicéphalisme qui a élu domicile en son sein, a sensiblement fragilisé cette frange de l’opposition avec, d’un côté, Pierre Lumbi, président du Conseil des sages désigné au cours d’une réunion tenue le 2 mars dans la commune de Limete, et de l’autre, Joseph Olenghankoy, désigné, lui aussi, par huit des  onze membres du Conseil des sages originel, structure mise en place en juin 2016 à Genval à Bruxelles sous la présidence du feu Étienne Tshisekedi.

Pour certains analystes de l’évolution politique du pays, la situation au Rassemblement est déplorable et traduit un certain manque de respect et l’absence des vertus politiques dans le chef de certains acteurs politiques locaux. L’appât de l’argent et un certain clientélisme ont pris le dessus sur les valeurs et la morale politique, note un autre politique. Alors qu’Étienne Tshisekedi, président du Conseil des sages du Rassemblement décédé le 1er février 2017 en Belgique, n’est pas encore inhumé, sa succession est littéralement âpre. Démocratie exige, il y a diverses candidatures pour le remplacement. Mais seulement, les critères ont-ils été remplis lors de dépôts de ces candidatures. Pierre Lumbi qui a été désigné président du Conseil des sages ne fait pas partie des membres du Conseil originel installé à Genval en 2017. C’est aussi le cas d’autres candidats comme Jean-Pierre Lisanga Bonganga, Martin Fayulu, etc.

Paradoxalement, c’est la candidature qui paraît la plus plausible au regard des critères, celle de Joseph Olenghankoy, qui semble être mise en cause par une frange du Rassemblement. Mais que lui reproche-t-on concrètement pour qu’il ne soit pas président du Conseil des sages alors que la majorité des membres du Conseil ont agréé sa candidature ? Est-ce parce que l’homme paraît bouillant, dynamique ? Doit-on ignorer ou renier ce qu’il a accompli aujourd’hui parce qu’il est porté à la tête du Conseil des sages du Rassemblement ? Ne devrait-il pas prétendre à une sorte de droit de lutte ? Joseph Olenghankoy a toute une histoire de combat pour l’instauration de la démocratie en RDC, combat qu’il mène depuis sa jeunesse aux côtés d’Étienne Tshisekedi. Celui qu’on appelait le Benjamin de l’Union sacrée de l’opposition radicale au début des années 1990 -dans une République du Zaïre dirigée de main de fer par Mobutu- peut prétendre à bien plus de considération reconnue, du reste, par ceux qui connaissent bien l’histoire de la lutte pour la démocratie au Congo.

Il a toujours été aux côtés d’Étienne Tshisekedi, son parrain en politique. Et c’est toute une symbolique qu’Olenghankoy ait été le modérateur lors du dernier meeting d’Étienne Tshisekedi (alors président du Conseil des sages du Rassemblement) au Boulevard Triomphal le 31 juillet 2016, à son retour à Kinshasa après un long séjour en Belgique. Cependant, il a toujours été mobilisateur des masses, considéré aussi comme le père des villes mortes et autres actions de désobéissance civile initiée par l’opposition politique congolaise. Deux jeunes à l’époque ont été très présents aux côtés d’Étienne Tshisekedi dans la lutte pour l’instauration de la démocratie, Joseph Olenghankoy et Jacques Matanda. Ce sont eux qui ont été à l’origine de l’intronisation d’Étienne Tshisekedi comme chef de file de l’opposition à l’époque de la Conférence nationale souveraine. Olenghankoy a toujours été à l’avant-plan des actions de l’opposition, ayant été emprisonné une quarantaine de fois aussi bien sous le régime de Mobutu que de Kabila. Il a même été condamné à mort lors d’un procès et détenu à la prison de Buluwo dans l’ex-province du Katanga.

Mais aujourd’hui, en plus de la lutte contre la dictature, le combat à mener, ce serait pour les vertus dans la politique et contre l’argent qui « corrompt les bonnes mœurs ». Et cette lutte serait à mener au sein du Rassemblement ou l’argent sale circulerait à flot pour infléchir les prises de positions de gens. L’on apprend qu’on proposerait aux personnalités et regroupements politiques pro-Olenghankoy du cash. Pour une certaine opinion, l’on doit trouver la solution à la crise en interne au sein du Rassemblement, à travers une réunion à laquelle prendraient part toutes les tendances de la méga-plate-forme. En cas de flop de l’application de l’Accord de la Saint-Sylvestre à cause de cette confusion, le Rassemblement en sera également responsable devant l’histoire.

Martin Enyimo

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