RDC-Angola : le différend pétrolier rebondit

Mercredi 7 Mai 2014 - 16:00

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L’État angolais exploiterait encore aujourd’hui à son propre compte  une partie de la Zone économique exclusive (ZEE) congolaise de même que celle qui s’étend sur sa mer territoriale au grand dam des autorités de Kinshasa décidées de recouvrer leurs droits maritimes.

L’exploitation pétrolière transfrontalière entre la RDC et l’Angola continue de poser problème. Depuis que les deux pays ont pris l’option de se référer à la justice internationale pour régler leur différend pétrolier, tout tourne en rond. En attendant le verdict censé provenir, soit de la commission onusienne des limites du plateau continental des Nations-nies vers laquelle s’est tourné l’Angola, soit du Tribunal du droit de la mer saisi par la partie congolaise, les deux pays sont pour ainsi dire réduits à l’expectative. Le nouveau rebondissement de ce différend pétrolier tient du coup de gueule des autorités congolaises. Après avoir longtemps subi le « diktat » de l’Angola qui, depuis trois décennies, exploite le pétrole du plateau continental principalement dans les blocs 14 et 15 au point d’empiéter sur le territoire maritime congolais, la RDC entend cette fois-ci récupérer ce qui lui revient de plein droit.

C’est tout le sens de la bataille juridique engagée par le gouvernement congolais par le biais de son ministre des Affaires étrangères qui, d’après des sources, aurait rejeté toute proposition d’arrangement à l’amiable de la commission spécialisée de l’ONU astreinte à traiter cette question sans complaisance. Ce dossier refait surface au moment où le pays d’Edouardo dos Santos a introduit une requête à l’ONU demandant l’extension vers le large de sa ZEE allant jusqu’à 370 km des côtes maximum. Une requête qui a soulevé un tollé dans les milieux interressés de Kinshasa où elle passe pour une manœuvre de Luanda visant à exploiter illégalement de manière discontinue le pétrole offshore de la RDC jusque dans ses eaux territoriales.

L’État angolais, à en croire des experts, exploiterait à son compte « exclusif » une partie de la ZEE congolaise de même que celle qui s’étend sur sa mer territoriale (12 miles marins de la côte) et sur sa zone contiguë (24 miles marins au maximum). Une situation assez fâcheuse que les accords signés entre les deux pays sur l'exploration et la production communes du pétrole dans leur « zone d'intérêt commun » dans l'Atlantique n’ont hélas pu régler. Alors que la RDC continuait à somnoler, l’Angola a intensifié l’exploitation pétrolière sur les deux blocs litigieux (14 et 15) dont les réserves en 2009 étaient estimées à 4,3 milliards de barils. De sorte qu’aujourd’hui, l'Angola rivalise avec près de deux millions de barils par jour avec le Nigeria pour la place de premier producteur de brut du continent. La RDC n'en produit pour sa part qu'environ 25.000 barils par jour.

La France qui s’est interposée dans cette querelle maritime aurait proposé ses bons offices. D’où la récente visite à Paris du président José Eduardo dos Santos qui sera bientôt relayé à l’Elysée par Joseph Kabila, indiquent des sources généralement bien informées. Dans les milieux spécialisés, on laisse entendre que ce différend pétrolier sera au menu des échanges entre les deux chefs d’État.

 

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Exploitation du pétrole au large de l'océan atlantique