RDC : l’Asadho dénonce l’interférence du gouvernement dans l’administration de la justice

Mardi 25 Avril 2017 - 17:22

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De l’avis de l’organisation, cette immixtion de l’exécutif dans l’administration de la justice est une véritable obstruction à la conduite des enquêtes indépendantes et à la manifestation de la vérité, notamment sur les massacres des populations civiles survenus dans les provinces du Kasaï central et du Kasaï oriental.

Dans un communiqué du 25 avril, l’Association africaine de défense des droits de l’homme (Asadho) s’est dite très préoccupée par les immixtions à répétition du gouvernement de la RDC dans l’administration de la justice.

L’ONG a, en effet,  noté qu’au courant du mois de février, une commission constituée des hauts magistrats militaires a été mise en place pour clarifier les massacres des populations civiles survenus dans les provinces du Kasaï central et du Kasaï oriental. À en croire l’Asadho, lors d’une interview accordée à la Radio Okapi, le ministre des Médias et Porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende, avait lancé un appel à témoin en disant : « Quiconque à Mbuji Mayi ou à Kananga a été témoin ou victime des faits est appelé à les dénoncer auprès des auditeurs supérieurs près des Cours supérieures militaires de Kananga et de Mbuji Mayi pour aider à la manifestation de la vérité ». cette association regrette, par ailleurs, que, contre toute attente et en violation du secret de l’instruction préparatoire devant le Parquet/Auditorat et du principe de la présomption d’innocence des personnes mises en cause consacré par l’article 17 de la Constitution, le ministre des Médias et Porte-parole du gouvernement ait divulgué la vidéo d’assassinat des deux experts de l’ONU par des individus qualifiés de « miliciens de Kamwina Nsapu ».

Décrédibiliser l’enquête en cours

Pour l’Asadho, le fait que cette vidéo, qui devrait être mise à la disposition de la justice militaire conformément au principes indiqués ci-dessus, soit commentée et rendue publique par un membre du gouvernement qui n’est pas membre du pouvoir judiciaire, décrédibilise l’enquête judiciaire en cours. Ce qui amène cette ONG, qui s’interroge sur la détention d’une pièce du dossier judiciaire en instruction par un membre du gouvernement, à penser que cette vidéo a été diffusée dans l'objectif de manipuler et d’orienter la justice militaire vers une seule piste et l’opinion publique vers la culpabilité des « miliciens de Kamwena Nsapu ».

De l’avis de l’organisation, cette immixtion de l’exécutif dans l’administration de la justice est une véritable obstruction à la conduite des enquêtes indépendantes et à la manifestation de la vérité. D’où, a-t-elle relevé, la nécessité de mettre en place une commission indépendante pour clarifier les massacres perpétrés dans les provinces du Kasaï central et Kasaï oriental, y compris l’assassinat des experts de l’ONU, et d’établir la responsabilité de tout individu impliqué de loin ou de près dans cette affaire.

Pour arriver à ces résultats et devant la réalité sur le terrain, l’Asadho a exhorté le président de la République à interdire au ministre Lambert Mende de s’immiscer dans l’administration de la justice relativement aux massacres survenus dans les provinces du  Kasaï central et du Kasaï oriental. Cette ONG attend également du chef de l’État de veiller à ce que la justice soit administrée conformément à la Constitution et aux lois de la République et de mettre en place une Commission indépendante pour enquêter sur les massacres perpétrés dans les provinces du Kasaï central et du Kasaï oriental.

L’Asadho recommande, par ailleurs, au Conseil de sécurité de l’ONU de continuer les pourparlers avec la RDC pour la mise en place d’une commission indépendante devant enquêter sur les massacres perpétrés dans ces deux provinces précitées et de demander à la Monusco d’appuyer techniquement la RDC dans la mise en place de ladite commission.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Le président de l'Asadho, Jean-Claude Katende/photo Adiac

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