Recensement de la population : l’opposition dénonce une stratégie de glissement du calendrier électoral

Samedi 3 Janvier 2015 - 14:15

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Pour l'opposition qui soupçonne de longue date Joseph Kabila de chercher à prolonger son bail, l'annonce d'un recensement n'est qu'un moyen pour faire "glisser" le calendrier électoral et retarder d'autant la présidentielle de 2016.

Le discours de Joseph Kabila prononcé lors du réveillon de la Saint Sylvestre continue de faire jaser dans la classe politique et, particulièrement, dans l’opposition. Cette dernière, comme dans ses habitudes, a trouvé à redire sur cette allocution qui, d’après elle, traduit la volonté délibérée du chef de l’État de retarder l’échéance de 2016. En présentant l'organisation des élections locales, municipales et provinciales ainsi que le démarrage des opérations du recensement de la population comme les deux faits majeurs censés caractériser l'année 2015, Joseph Kabila s’est attiré la fronde de l’opposition qui y perçoit une stratégie visant à faire « glisser » le calendrier électoral et retarder la présidentielle de 2016. L’Union pour la Nation congolaise (UNC) et l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) sont les deux principales forces politiques de l‘opposition qui sont montées au créneau pour dénoncer ce qu’elles considèrent comme une supercherie.

D’après le président de l’UNC, Vital Kamerhe, les jeux sont déjà faussés au départ lorsqu’on conditionne les élections au recensement. Et pourtant, pense-t-il, c’est l’option levée par Joseph Kabila qui, lors de son adresse devant le congrès le 15 décembre dernier, avait affirmé que le résultat du recensement était « nécessaire pour la bonne fin du processus électoral », laissant entendre qu'aucune élection ne pourrait avoir lieu avant la fin de cette opération. En fait, dans les milieux de l‘opposition, on est convaincu qu’il faudrait trois à quatre ans pour réaliser le recensement de la population dans un pays comme la RDC, près de quatre fois la France, et où des pans entiers des territoires de l’est sont aujourd’hui contrôlés par des groupes armés locaux et étrangers, parfois actifs depuis vingt ans. Et lorsqu’on ajoute les difficultés que pose l’absence des voies de communication viables, on perçoit très vite le côté laborieux d’une telle opération qui requiert d’énormes ressources en hommes et en équipements. Forte de toutes ces convictions, l’opposition pense que Joseph Kabila veut se donner du temps en cherchant à tirer les choses en longueur.

À l’UDPS, on ne cherche même pas à trop réfléchir sur la question. « Comme ils se sont rendu compte que la communauté internationale ne veut pas entendre parler de révision constitutionnelle, ils mettent en place d'autres stratégies pour dépasser le délai de 2016 », a affirmé son porte-parole adjoint Augustin Kabuya cité par l’AFP. Et d’ajouter : « Joseph Kabila n'est pas prêt pour respecter le délai de 2016. Il va s'éterniser au pouvoir ».

Pour rappel, le dernier recensement remonte aux années 1980, avant les longues guerres régionales qui ont déchiré le pays jusqu'à 2003. Le pays compterait aujourd'hui environ 70 millions d'habitants, des estimations qui ne collent pas forcément à la réalité.   

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Vital Kamerhe