Recherche : Bastien Alex établit un lien entre le changement climatique et les conflits

Jeudi 15 Octobre 2015 - 12:30

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Spécialisé dans les impacts géopolitiques du dérèglement climatique, le chercheur à l’Institut de Relations internationales et stratégiques (Iris) Bastien Alex, a souligné que le changement climatique ne provoque pas directement les conflits mais qu’il en est un facteur aggravant. « Le lien entre changement climatique et conflits n’est ni à surévaluer ni à négliger

Il a rappelé le lien établi en 2003 par le Pentagone entre sécurité et changement climatique. Un rapport prospectif pour attirer l’attention des dirigeants du monde entier. À partir de 2007, les institutions de défense des États-Unis  parlaient du changement climatique comme d’un « multiplicateur de menaces ».

Facteur aggravant, mais qu’il ne faut «  ni surévaluer ni négliger », mais y voir comme un « élément supplémentaire d’une situation existante et crisogène ». Selon les scientifiques du Giec, dans certaines régions du monde, les événements climatiques extrêmes vont se multiplier, soit en fréquence, soit en intensité, soit les deux. Malgré qu’on peut être catégorique et établir de lien direct entre changement climatique et conflits, certaines régions comme l’Afrique subsaharienne sont habitées par des éleveurs ou agriculteurs qui dépendent des aléas climatiques.

Si ces populations sont affectées par des événements climatiques extrêmes et ne peuvent plus assurer leur subsistance, elles migrent vers les villes où les services de base ne sont pas forcément rendus, où elles ne trouvent pas d’emplois et peuvent être tentées par des trafics ou le terrorisme. Donc le changement climatique est un paramètre à ne pas négliger.

Pour les hommes vivant en bordure du lac Tchad, si la baisse des ressources hydriques et halieutiques ne leur permet plus de subvenir aux besoins de leurs familles, cela pourrait devenir un facteur de tensions voire de recrudescence de l’activité jihadiste, selon lui. C’est un paramètre qui joue et qu’il ne faut pas négliger, sans non plus en faire le principal, ajoute-t-il.

Quelle politique  à adopter ?

Sans qu’un lien indéfectible soit fait, on sait que le changement climatique agit sur tous les paramètres qui sont provocateurs de conflits. Les pays les plus pauvres sont les plus vulnérables, mais cela ne veut pas dire que les plus riches ne le sont pas. Selon lui le changement climatique résulte de notre modèle de civilisation. Si on ne veut pas traiter le problème de l’exploitation des ressources fossiles lors de la COP21 à Paris, on n’y arrivera pas.

« On pourra construire des digues ou des murs, si on ne change pas de modèle, si on n’entame pas une transition vers une sortie des énergies fossiles, si on ne s’attaque pas à la question des inégalités de répartition des richesses, on pourra faire toutes les COP du monde, on n’y arrivera pas. Il faut absolument faire évoluer notre civilisation et essayer de partager un peu plus les richesses », a-t-il conclu.

Quatres causes sont identifiées

Pédagogue, le conseiller de la ministre de l’Écologie, Gilles Bœuf a expliqué que le changement climatique se superpose à quatre causes principales qui sont la destruction, la pollution, la surexploitation (la surpêche en mer par exemple) et la dissémination des espèces vivantes.

Mais l'un des impacts principaux du réchauffement climatique sur la biodiversité est qu'il oblige les animaux, les poissons à bouger. Citant le cas en Angola où une surpêche de sardines a changé le climat. L'Angola, le Chili et le Pérou sont particulièrement frappés par la transformation des océans. Il a aussi évoqué la disparition des arbres. Entre 1970 et 2012, 49% de tous les animaux vertébrés ont disparu.

Donc, si on dépasse les 2 degrés et que l'on se situe plus vers 4 degrés, ce sera terrible. On va assister à des déplacements importants de populations. Selon lui, il faut faire prendre conscience à tout le monde que le changement climatique qui nous affecte est dû aux activités humaines. Il a demandé de s'attaquer à l'économie actuelle qui consiste à gagner beaucoup d'argent le plus vite possible en détruisant la nature ou en la surexploitant.

Puis, il faudra s'attaquer aux six autres plaies écologiques qui sont le productivisme agricole, le gaspillage de l'eau, la surexploitation des stocks, la déforestation, l'effondrement de la biodiversité et la pollution, a-t-il précisé. 

Noël Ndong

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