Opinion

  • Brin d’histoire

Regard sur les cinquante dernières années (1965-2015) 1991 (28) suite du numéro précédent

Jeudi 28 Juillet 2016 - 18:06

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Démocratie pluraliste, nouvelle Constitution, Acte fondamental instituant un Conseil supérieur de la République, dirigé par Mgr Kombo, et jouant le rôle de Parlement,  un gouvernement de transition, dirigé par André Milongo, Premier ministre ;  rétablissement des armoiries de l’indépendance, réhabilitation des anciens  présidents de la République, telles sont les décisions emblématiques de la Conférence nationale souveraine. Il faut simplement rappeler qu’avant et pendant la Conférence nationale, la classe politique congolaise (au pouvoir ou mise à l’écart), est désarçonnée par de jeunes fougueux, certes, mais peu aguerris à maîtriser le jeu politique. Ces jeunes n’ont pas agi avec l’audace, l’énergie, le courage qu’exigeaient les circonstances. Ils se croyaient forts,  ils étaient faibles et impécunieux. La longueur de la Conférence nationale, aggravée par les  retards délibérés ou pas,  dans le paiement des perdiems, a eu raison de leur virulence du début et a mis à nu, enfin de compte, leur pusillanimité. Très vite les politiciens « professionnels » prennent  la mesure de la situation, s’organisent en vieux comploteurs et font rentrer ces jeunes dans les rangs. Avec cette habile récupération, reposant sur la tribu et la région, c’était la fin des illusions. Les concessions, les hésitations, les allégeances des plus jeunes aux anciens  ont une conséquence pernicieuse, pendant et après la Conférence nationale souveraine.

Il faut signaler à la jeune génération qu’à cette occasion, le président de la République a su prendre de la hauteur et a eu l’intelligence  d’endosser tous les errements politiques vécus au Congo à travers son historique « j’assume ».

 Dans ses décombres, une presse écrite libre parmi lesquels Le Soleil, l’inénarrable Madukutsekele, Aujourd’hui, Libertés, Le Choc, Le Temps, Les Chiens Ecrasés, La Rue Meurt, etc. Prévue pour trois mois, la Conférence nationale en a presque fait le double. Le 10 juin, dans un simulacre, dont ils détiennent seuls le secret, les politiciens congolais ont accompli un rituel dit de « lavement de mains ». Cette sorte d’exorcisme n’a pas empêché le Congo, après les premières élections démocratiques post-conférence nationale, de sombrer dans le chaos, quelques mois après le début du premier quinquennat du président Pascal Lissouba.

Il est ahurissant d’entendre, aujourd’hui, des voix qui s’élèvent pour un dialogue politique inclusif. À quoi pourrait-il servir ? À rien. À quoi servent les appareils politiques que sont les partis politiques ? À mon avis, s’il subsiste encore un problème, c’est à ce niveau que les concertations doivent avoir lieu, pour éviter, une fois de plus, de perdre du temps et de dépenser des sommes folles  en cette période d’austérité.  Comme je l’ai écrit, ici même, dans un  Brin d’histoire précédent, plus de 25 ans après la fin de la Conférence nationale souveraine, il est regrettable de constater que les joies de la « transparence » auront été éphémères : une transition qui a échoué et un régime démocratiquement élu qui s’est fourvoyé dans une guerre inepte. Dieu merci, laborieusement, la paix est revenue. Il ne reste plus désormais qu’une opposition chétive et rabougrie, renforcée périodiquement par des groupuscules politiques,  transfuges de l’actuelle majorité présidentielle et quelques seconds couteaux, en rupture de ban. Et pour cause ! Ce n’est pas le moindre paradoxe du monde politique congolais qui nous a habitués au retournement permanent  de veste. Un reflexe pour des individus sans conviction. La Conférence nationale a échoué dans la mise en orbite de nouvelles figures politiques emblématiques.

Entre-temps, pendant que se tient la Conférence nationale, le 1er avril, les troupes cubaines, stationnées à Pointe-Noire depuis 1977, débutent leur retrait du Congo. Le 10 avril, Samba Joseph, dit  Mascott, guitariste d’accompagnement de l’orchestre Bantou décède. Il était né, le 15 août 1943 à Loumou. Il met le pied à l’étrier dans l’orchestre Jazz Rina. Peu de temps après, il se retrouve dans le Congo Jazz de Champro King, Céli Bitsou, Baloo Mass, Major Tomba Dia Mahoungou. Suite au départ des guitaristes, Jaques Mambau (Jacky) et Nédule Papa Noël, il intègre les Bantous de la capitale. Quelques mois après la fin de la Conférence nationale, survient le tragique accident de Mvoungouti. Ainsi va la vie au Congo.

Mfumu

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