Opinion

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Regard sur les cinquante dernières années (1965-2015) 1993 (33) suite du numéro précédent

Jeudi 25 Août 2016 - 18:22

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Le début du régime du président Lissouba est marqué par une valse de Premiers ministres, Bongho Nouarra, Antoine Dacosta et Jacques-Joachim Yhomby-Opango nommé à la Primature mercredi 23 juin 1993, par décret n°93-1993du 23 juin 1993. Mauvais signal pour la suite du mandat. Dès le mois de mars, un débat sur la révision de la constitution s’étale, à pleines pages, dans les journaux de la place. Ce débat est suscité par les interprétations fantaisistes de l’article 75. Comme on peut le constater, au Congo, la presse écrite est l’unique rempart de la démocratie. Les médias audiovisuels, radio et télévision d’Etat, embrigadés, en étaient réduits au rôle infamant de gardes-chiourmes. On connait la suite. Comme si les assassinats et les tueries de masse qui vont endeuiller le Congo ne suffisaient pas, la mort, cette faucheuse, continuait son œuvre. Damase Mpandzou alias Decko s’éteint le 4 mars à l’Hôpital central des armées de Brazzaville. Il fit partie de la sélection de Brazzaville et de l’équipe nationale de football. Il participa aux jeux de la Communauté à Madagascar, en avril 1960, à Tananarive, sous la direction de Michel Govi, alors joueur-entraîneur de l’As Cheminots de Pointe-Noire. Il fait équipe avec Boniface Kibiassi « Vignal », Mantari « Defoufou », Louaka, Dominique Nganga « Poisson Deyaya », Ange Baboutila « Fantômas », Jean Ickonga « Mermans », Adolphe Bibanzoulou « Amoyen », Désiré Mayala « Larbi », Jean-Pierre Elouma « Anderson », Anatole Badia-Nzébélé « Ndrou-Koli », Clément Massengo « Dockor Fû Manchu », Boniface Massengo « Professeur », Léopold Ndey « Flamion », Jean-Marie Loukoki « Kopa », Robert Ndoudi « Piantoni », Atoro Seydou « Bayo », Henri Massengo « Bonal », etc. Avant de continuer avec le chapelet des décédés, c’est le lieu, ici,  de rendre hommage à notre Doyen, feu Kimina-Makumbu, qui, tout au long de sa carrière journalistique a alimenté la chronique sportive de son organe de presse, La Semaine Africaine. Le 2 octobre, décès au Centre hospitalier universitaire de Brazzaville, de Léon Angor. Né le 13 juillet 1928 à Brazzaville, Léon Robert Angor a été un des principaux syndicalistes congolais, en qualité de fondateur de la Confédération syndicale congolaise, le 5 janvier 1964. Il est vice-président du CNR du 16 août 1963 au 30 septembre 1964, président de l’Assemblée nationale du 24 décembre 1963 au 10 mai 1966, membre du Comité central du MNR (Mouvement national de la Révolution), du 6 juillet 1964 au 30 juin 1968, puis ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Congo en Egypte et au Gabon. Léon Robert Angor est inhumé le 8 octobre 1993 au cimetière du centre ville, en présence du chef de l’Etat, le professeur Pascal Lissouba. Dans le même registre, inhumation au même endroit, de la veuve Marie Massamba-Débat, épouse de l’ancien président Alphonse Massamba-Débat, lui-même, toujours sans sépulture à ce jour, quant à lui, depuis son assassinat en 1977. Une énigme non élucidée de la vie politique au Congo. Le 3 novembre 1993, balkanisation des arrondissements 1 et 2 de Brazzaville, investis par les Forces armées congolaises, tirant à l’arme lourde. Selon le commandement militaire, l’objectif est de mater « les bandes armées qui sèment la terreur au sein de la population ». En réalité, il s’agissait de faire taire une radio de l’opposition qui émettait de Bacongo. En effet, les journalistes de cette radio Pauline Tchik, Clément Massengo, pour ne citer que les voix plus emblématiques, assénaient des coups de semonce au pouvoir en place. Exaspéré par les nuisances des assauts médiatiques de ces journalistes de la liberté, le pouvoir décida cette attaque de Bacongo et Makélékélé, signe de leur impuissance face à la puissance destructrice de leur image par la radio qui défendait la liberté contre la  chape de plomb du pouvoir. Dans le journal « Aujourd’hui », nous écrivions à la Une : « Pour une affaire de radio », afin de dénoncer cette escalade de violence instaurée par le pouvoir du président Lissouba. Pour bien mettre en exergue cette poussée d’agressivité brutale, suscitée par l’intolérance, dans une autre livraison du même journal, nous publiâmes un autre papier intitulé, « Peur sur la ville ». Le pouvoir avait réussi, en effet, à créer une atmosphère anxiogène dans la capitale et sur l’ensemble du territoire national. Le peuple assistait, à son corps défendant, à la dérive dictatoriale d’un régime, paradoxalement, mis en place démocratiquement.  Ainsi va la vie au Congo.

 

 

MFUMU

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