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Regard sur les cinquante dernières années (1965-2015) 2001 (48)

Jeudi 8 Décembre 2016 - 18:45

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L’année 2001 s’ouvre sous le signe de la relance économique, du dialogue national, de la Constitution et des élections, si l’on en croit le message de nouvel an du président de la République, Denis Sassou N’Guesso. Ces belles perspectives sont, malheureusement, embrumées de mélancolie à cause du dramatique accident ferroviaire à Nvoungouti, mercredi 10 janvier 2001, à près de 130 km de Pointe-Noire. C’est le deuxième accident de ce type, après celui du 5 septembre 1991 qui avait fait plus de 137 morts. 84 corps avaient été retrouvés et 29 personnes portées disparues. C’était à l’époque de la transition démocratique. Pour ce deuxième drame, le bilan provisoire officiel est de : 37 morts. Mais des témoins parlent de 70 morts et 53 blessés graves admis à l’hôpital Adolphe Cissé de Pointe-Noire et une quinzaine d’autres blessés à l’hôpital de Dolisie.

Le dialogue, ce serpent de mer, revient régulièrement depuis 1991. La publication le 12 février 2001 des décrets présidentiels portant création et nomination des membres de la commission d’organisation du dialogue national ont provoqué l’ire des partis politiques qui dénoncent la marginalisation dont ils sont l’objet dans l’organisation du dialogue national. En effet, les cinq membres du bureau de la commission d’organisation du dialogue sont tous des proches du président Denis Sassou N’Guesso. Président : Gérard Bitsindou ; vice-président : Mathias Dzon ; secrétaire : Firmin Ayessa ; rapporteur : Charles Zacharie Bowao ; trésorier André Ongagna. On note simplement que toutes les autres sensibilités politiques nationales ont été royalement ignorées. Comme il fallait s’y attendre, l’opposition réclame un véritable dialogue. C’est quoi le véritable dialogue ? Je note simplement que le dialogue ne peut sortir le Congo de l’ornière fangeuse où se complaisent les politiques veules.

En 2016, au moment où l’opposition embouche la trompette du dialogue, il est intéressant de signaler que deux anciens membres de la commission préparatoire du dialogue de 2001, qui ont quitté le navire du pouvoir, sont aujourd’hui les nouveaux hérauts d’une certaine orthodoxie politique. Ils ne se satisfont plus des conditions qu’ils posèrent, voire imposèrent, aux autres, pendant qu’ils étaient aux affaires. C’est le Congo, peut-on dire, un brin désabusé par l’incohérence de nos hommes politiques. Les mêmes. Depuis 25 ans, plus pour certains, ils ont hanté les arcanes du pouvoir et ne sont guère repus des bienfaits de la République.

Forum, dialogue inclusif, concertations citoyennes, toutes les formes dialogiques ont été expérimentées, dans ce pays, sans résultat probant. Tout ceci donne l’air d’un éternel piétinement qui relègue au second plan les questions de développement.  La Constitution du 6 novembre 2015 vient d’instituer un cadre permanent de dialogue. C’est le lieu approprié de toutes les transactions citoyennes.

Comme je le disais récemment, la recherche éperdue et effrénée d’un dialogue incantatoire met à nu les faiblesses de l’Etat, en tant que  force de coercition. Trop de laxisme réduit la puissance régalienne. À cette défaillance, s’ajoute la notion, très en vogue actuellement, de partage du pouvoir, autre forme hérétique de la conception du  pouvoir chez nous, qui fait diversion.

En dépit des contestations désespérées, le dialogue national sans exclusive démarre le samedi  17 mars 2001 à Brazzaville. Pour l’occasion, Jean-Pierre Thystère Tchicaya, l’une des figures de proue de la politique au Congo,  et Martin Oyali, ancien ministre, ont fait le déplacement de Brazzaville. Le premier est devenu deuxième vice-président et le second, membre de la commission d’organisation. Tous les autres leaders de l’opposition exilée qui s’étaient retrouvés à Libreville pour rencontrer le médiateur international, Omar Bongo, ont choisi la politique de la chaise vide. Ce qui fera dire au président gabonais : je m’étonne que certaines personnalités qui étaient avec moi à Libreville, il y a 48 heures, si je peux ainsi m’exprimer, je ne les retrouve plus ici. Alors on se pose la question, ou je me pose la question de savoir : est-ce que Libreville et ses plages et ses hôtels qui plaisent ou c’est la paix qui vaut la chandelle à Brazzaville ». Autrement dit, légèreté insoutenable de nos hommes politiques. A méditer !

C’est dans cet imbroglio que resurgit le problème des disparus du Beach en 1999. Ainsi va la vie au Congo.

MFUMU

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