Religion : Benoît XVI répond à un mathématicien sur la science

Mardi 24 Septembre 2013 - 16:07

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel

Le pape émérite a pris sa plume, lui aussi, pour contester certaines thèses d’un texte qui lui était consacré

Il y a une semaine, le pape François créait de nouveau le buzz en répondant à travers la presse, à un athée italien qui lui avait posé des questions sur la foi, la morale et Jésus. C’était à travers les colonnes du quotidien à grand tirage – et de gauche – La Repubblica. Mardi, ce même journal sortait de longs extraits d’une lettre de l’ancien pape Benoît XVI, à un scientifique italien qui l’avait interpellé à travers un livre. Mais les comparaisons entre les deux hommes s’arrêtent à cette seule démarche. Benoît XVI use d’un ton plus direct, volontiers agressif.

Sa longue lettre répond au livre de l’écrivain et mathématicien Piergiorgio Odifreddi sur le thème « La Foi, la science et le mal ». Dans ce livre-interpellation (Cher Pape, je t’écris, éditions Mondadori, 2011), Odifreddi soutenait que seules les mathématiques méritaient le qualificatif de sciences. Benoît XVI a répondu qu’il avait apprécié une bonne partie du contenu de ce livre dont on peut tirer un profit partagé, mais a dit se dissocier vigoureusement de son inutile agressivité.

Le pape émérite convient que les mathématiques sont, stricto sensu, une discipline que l’on peut ériger au rang de science principale. Mais, soutient-il, la théologie aussi est une science. Elle a produit des résultats remarquables en recherches historiques et en philosophie. Or la fonction importante de la théologie est de maintenir la religion attachée à la raison et la raison à la religion. Sil n’est pas licite de se taire sur le mal que l’Église peut avoir causé, il ne serait pas davantage licite de se taire sur le trait lumineux de bonté qui a marqué au long des sciences de nombreuses personnes à l’amour désintéressé, au service des autres ; à la bonté éclatante de pureté grâce à leur foi chrétienne.

Encore aujourd’hui, affirme l’ancien pape, de nombreuses personnes continuent d’être animées par leur foi de l’amour désintéressé envers les autres, la sincérité et le sens de justice. Puis l’ancien pape aborde sans détours les points de désaccord avec l’homme de science italien en soutenant : « ce que vous dites sur la figure de Jésus n’est pas digne de votre rang de scientifique ». Comme pour atténuer l’âpreté de la critique, presque de l’agressivité, le pape émérite reconnaît que le dialogue franc est nécessaire. Car ce n’est qu’ainsi que « peut croître la connaissance ».

Le Vatican a tenu à préciser que la réponse de l’ancien pape (à un livre, pas à des éditoriaux), a été adressée au mathématicien en août dernier par voie postale « le cachet de la poste en faisant foi ». Et que sa publication est de la responsabilité unique du destinataire. Tout comme seul Piergiorgio Odifreddi a décidé du moment de sa publication et du canal. On se rappelle que dans sa réponse à Eugenio Scalfari il y a une semaine, le pape François invitait l’intellectuel de gauche et athée notoire à scruter les signes des temps pour voir si le moment « de cheminer ensemble » entre croyants et non-croyants n’était pas arrivé. Il rappelait que, même chez un athée, la conscience pouvait marquer la limite entre le bien et le mal – le péché.

Lucien Mpama