Religion : plus de onze mille églises identifiées en RDC

Vendredi 3 Novembre 2017 - 18:15

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Le nombre a presque quadruplé dans le pays en plus d'une décennie, comparativement au chiffre de trois mille au début des années 2000.

 

 

 La volonté du ministère de la Justice de renforcer les conditions d'octroi de la personnalité juridique aux associations est déjà au centre d'une polémique. En dépit des chiffres réels et alarmants, cette démarche gouvernementale apparaît, pour une certaine opinion, comme une tentative de restreindre la liberté d'association, en violation flagrante de la Constitution de la République. En effet, la République démocratique du Congo (RDC) compte officiellement 14 000 associations à but non lucratif (ASBL) non confessionnelles, plus de 11 000 églises de droit congolais, plus de 300 établissements et 1 073 ASBL étrangères.

Pour le ministre de la Justice, Alexis Thambwe, il n’y a pas de doute sur le fait que cette situation représente un vrai problème pour le pays. A travers son projet de loi de réforme, il veut se lancer dans la lutte contre la prolifération des mouvements associatifs. En clair, il s’agit d’apporter quelques amendements à la Loi n°004/2001 du 20 juillet de la même année, portant dispositions applicables aux associations sans but lucratif et aux établissements d’utilité publique.

Au nombre des dispositions épinglées, il y a, par exemple, la procédure de reconnaissance juridique d’une association en RDC. Un accent particulier est mis sur la disposition qui contraint le ministre de la Justice à octroyer automatiquement la personnalité juridique si aucune réponse officielle n'intervient six mois après le dépôt du dossier. Une telle contrainte a conduit à la floraison des associations non viables, a déploré le ministre. Certaines associations excellent dans la récupération, pour leur propre compte, des fonds octroyés par les bailleurs, parfois sans être munies d’une personnalité juridique.

Au regard de ces cas et d'autres non soulevés, l’autorité gouvernementale a appelé à des corrections à la loi pour un meilleur fonctionnement des ASBL et établissements d’utilité publique. Bien entendu, tout le monde est stupéfait devant ce tableau sombre présenté par le ministre de la Justice. Mais la crainte est de voir l’État réduire finalement la liberté d’association, en violation de la Constitution. Certains députés nationaux ont préconisé des actions plus réfléchies des pouvoirs publics pour mettre fin au désordre qui semble avoir élu domicile dans le domaine associatif. Pour eux, il n’est pas question de recourir au bâton ou à la répression, comme le propose le projet de loi de réforme, ont-ils soutenu.

Dans ses explications, Alexis Thambwe a fait allusion à la difficulté pour certains promoteurs d’églises d’interpréter la Bible. Pour le corps pastoral, il ne revient pas au politique de légiférer sur l’interprétation de la Bible et l'attention doit être faite pour ne pas confondre le rôle de régulateur à celui d’autorité spirituelle. De plus, a ajouté le corps pastoral, l’État est laïc. Toutefois, le ministre de la Justice est bien décidé à apporter les innovations nécessaires. Il s'agit notamment de l’obligation, pour toute une nouvelle association de droit confessionnel, de prouver sa différence avec les religions déjà sur place, la nécessité pour le promoteur de détenir un diplôme universitaire de théologie, l’aménagement du lieu de culte dans un site fermé en vue d’éviter les tapages nocturnes, etc.

Enfin, il y a une autre innovation majeure : l’interdiction de fonctionnement pour toute ASBL qui s’écarte de sa mission. Passé un délai de six mois, tout projet déposé pour l’obtention de la personnalité juridique devrait être considéré comme rejeté. En cas de vote du projet en ces termes, la RDC prendra certainement un virage important dans la vie des mouvements associatifs.

Laurent Essolomwa

Notification: 

Non