Rémy Mongo Etsion : « Gotène était le seul peintre tapissier de ce pays »

Samedi 22 Février 2014 - 13:48

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Gotène est parti très tôt de à l’École de peinture de Poto-Poto. Dans la même lancée que lui, j’y suis arrivé en 1968 et j’en ai été chassé trois jours après. Dans ce sens, nous avons des relents d’indépendance. Il a été un très grand maître, mais sans postérité. Les titres de ses œuvres étaient un peu surréalistes, d’où le rapprochement avec le peintre cubain Wilfredo Lame, notamment sur les formes, le dépouillements des sujets et la profondeur de l’œuvre. Mais Gotène était Gotène, et Gotène ne pouvait être que Gotène, rien d’autres que Gotène. À l’opposé, j’ai une grande filiation qui fait qu’aujourd’hui j’influence entre sept et neuf artistes aussi bien des plus anciens que de la nouvelle génération. En outre, nous avons eu une série d’expositions communes. La plus grande a été celle de 1989 intitulée The Congo Today aux États-Unis, à Atlanta. Il avait un certain nombre de tableaux, et j’avais pour ma part des tableaux fait en sable. Lorsque j’ai réalisé certaines de ses œuvres, il a été touché par la profondeur du bleu que j’avais utilisé. Subjugué, il me disait en bégaiyant : « Léki eza yo moto sali. » Cherchant à se rasseoir, il a oublié sa chaise et s’est étalé par terre. Nous en avons rigolé !

Propos recueillis par Meryll Mezath