Rencontre littéraire : Georges Balandier, un africaniste

Samedi 11 Janvier 2020 - 18:38

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L’acte 3 en hommage à Georges Balandier tenu, le 10 janvier, à l’Institut français du Congo a permis aux six acteurs participant à l’écriture du livre « Retour aux Brazzavilles noires », de revisiter les problématiques qui y ont été présentées.

   Ce livre disponible a été préfacé par Monique Hirschhorn, publié aux éditions L’harmattan avec le concours de l’Unesco, de géopolitique africaine, de l’AISLF et  de l’Ambassade du Congo en France,  en octobre dernier, suite au colloque de 2017, tenu à Brazzaville dans lequel  on trouve  la contribution d’articles en termes de témoignages et d’allocutions de ces différents acteurs ,  tous professeurs parmi lesquels :  Yvon Norbert Gambeg , Gandou d’Isseret,  Joachim Emmanuel Goma Thetet,  Henri Ossebi, Régine Tchicaya Oboa, ...

 Le public venu nombreux a été essentiellement composé d’étudiants en sociologie. Il a découvert le livre et, bénéficié des communications enrichissantes de ces six acteurs. Les signataires ont expliqué tour à tour leur contribution.  Pour l’historien Joachim Emmanuel Goma Thetet, il a fait savoir que c’est son expérience personnelle qui la conduit vers Balandier en découvrant un certain nombre de choses sur le mouvement kimbanguiste et le messianisme congolais dans sa dimension lors de ses études universitaires en France « C’est Georges Balandier qui, le premier, avait écrit dans les années 50 sur ce mouvement. Pour le colloque qui a donc eu lieu j’ai pensé revisiter l’œuvre de Balandier sur ce plan en y apportant ma contribution », a-t-il dit, tout en considérant Georges Balandier comme le premier historien des messianismes et syncrétismes congolais.

L’apport de Gandou d’Isseret dans cette contribution s’est porté sur la construction de l’ordre et la domination symbolique chez Georges Balandier.  Ce dernier montre que les peuples noirs travaillent, ils ne sont pas passifs. Pour lui, c’est une illusion de croire que ces peuples noirs sont des peuples qui n’agissent pas qui se contentent de recevoir ce qui vient d’ailleurs. En réalité, ces peuples noirs travaillent et produisent beaucoup, a-t-il dit à l’Etat français. Il ne faut pas croire que nous nous contentons de leur déverser la civilisation, la culture. En réalité, ils subtilisent cette culture pour leur donner un nouveau sens et un nouveau contenu. Les africains, les noirs particulièrement, agissent et ne se contentent pas de recevoir.

Quant à Régine Tchicaya Oboa, elle a contribué, sur Georges Balandier, au commencement de la sociologie du travail en Afrique noire.  Pour elle, Georges Balandier est un précurseur en sociologie du travail, il a écrit le travail en Afrique. Les informations qu’il rapporte dans ces ouvrages sont encore visibles jusqu’à ce jour. « Je pense qu’il y a beaucoup de survivances de ce qu’il a décrit.  Georges Balandier était un visionnaire par rapport à l’époque, son apport est une grande contribution pour la sociologie du travail en Afrique particulièrement au Congo. » a-t-elle dit.

 Pour sa part, l’ambassadeur Henri Ossebi a signé sur le politique par le bas chez Georges Balandier. Pour lui, il y a plusieurs manières d’aborder le politique au sens anthropologique, c’est-à-dire toute la dimension relative aux phénomènes de pouvoir, de domination, d’assujettissement, de contrôle social que l’on pensait inexistant dans nos sociétés mais qui, à partir de Balandier, prennent un écart particulier parce qu’il dit qu'il y a du politique dans toutes les sociétés y compris dans les coins les plus reculés.

Pourquoi le politique par le bas ?  Explique l’ambassadeur, parce que toutes les questions relatives au politique en Afrique ont été soit associées à la politique, soit associées directement à l’approche par le haut généralement utilisé par les constitutionnalistes,  c’est-à-dire, on étudie le politique à travers les relations entre les différents pouvoirs,  donc l’approche juridictionnelle du politique s’est avérée insuffisante aux mécanismes qu’on ne voit pas évidemment.

Il pense que la méthodologie qu’utilise Georges Balandier a privilégié le contact direct avec les acteurs qui font l’évènement.

Rappelons que Georges Balandier est   un ethnologue et sociologue français, il est l'un des anthropologues et sociologues africanistes de langue française les plus connus aujourd'hui. Trois ans après sa disparition, ce "retour" aux sources congolaises de ses travaux rassemble ici les contributions présentées lors du colloque qui lui a été dédié à Brazzaville en 2018, par des universitaires locaux et par leurs collègues venus d'ailleurs. Une manière d'appropriation individuelle et collective de l'empreinte intellectuelle, toujours présente, de cet inoubliable "élève de l'Afrique", comme il aimait le dire.   

Né en 1920, mort en 2016, Georges Balandier est auteur de plusieurs ouvrages. « Retour aux Brazzavilles noires » est un ouvrage collectif dans lequel se trouvent les contributions des huit acteurs. Cette ceremonie d’hommage s’est déroulée en présence de l’ambassadeur de France au Congo, d'un représentant de la mairie de Brazzaville et celui de la culture.  

Rosalie Bindika

Légendes et crédits photo : 

Photos : les panélistes expliquent leur contribution à cette œuvre/adiac Photos : l’auditoire/adiac

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