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Renouveau de la littérature au Kenya

Samedi 29 Septembre 2018 - 18:44

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À l’actif de ce renouveau, l’on peut citer le festival international du livre à Nairobi, organisé par l’Association des éditeurs kényans qui a célébré sa neuvième édition cette année, du 26 au 30 septembre, au Sarit Centre Expo Hall Westland’s.

Chaque année, en effet, y sont réunis des éditeurs en provenance d’Afrique et même au-delà d’outre-mer, près de vingt mille personnes dans l'ensemble. Il faut s’y rendre pour profiter à loisir,  entre autres, des lectures publiques ou des séances de dédicaces.

Ce festival partait d’un constat simple, se procurer des livres d’auteurs africains n’était pas une sinécure au Kenya. Juste une poignée de libraires permettait l’accès à des auteurs européens et américains mais rarement aux auteurs kényans et de surcroît aux autres Africains.

Tenant compte de la réalité  d’une catégorie de  lecteurs insatiables de la littérature du pays et partant, du continent africain, quelques jeunes libraires en ligne diffusent désormais le goût de la littérature du continent et voient leurs commandes grimper à l’instar de « Chez Magunga Bookstore », nom officiel d’un site, où l’on a le plaisir de pouvoir  trouver des classiques de la littérature africaine parmi lesquels Chinua Achebe, J. M. Coetzee, Tahar Ben Jelloun, Nuruddin Farah et le Kényan Ngugi wa Thiongo, Chimamanda Ngozi Adichie, l’Américano-Ethiopien Dinaw Mengestu et la Kényane Yvonne Adhiambo Owuor…

Il est évident que les Africains veulent lire des auteurs africains et on l’a bien compris au  Kenya, malgré le prix élevé du livre. L’initiative en ligne est loin d’être isolée et percute bien plus une nouvelle génération de lecteurs, les jeunes des années 2000 qui ne se reconnaissaient pas vraiment  dans l’arrière garde des auteurs africains mais trouvent des réponses à  leurs questionnements auprès des écrivains plus jeunes, avec des problématiques plus actuelles. Aussi s’approprient-ils la littérature d’auteurs tels Chimamanda du Nigeria ou Yvonne Adhiambo Owuor du Kenya.

Les festivaliers sont fiers d’avoir la littérature africaine au Kenya car il n’y a pas si longtemps, la clientèle des librairies était quasi blanche et expatriée, dévoilant le peu d’intérêt des Kényans pour les livres d’auteurs africains et la littérature africaine en général. Désormais, le pari est tenu et dans la plupart des librairies du pays,  les livres d’auteurs africains occupent aujourd’hui des pleines étagères, représentent maintenant la moitié des ventes en fonction de la librairie et  la quasi-totalité de la clientèle est kényane.

Il faut noter que ce renouveau pour la littérature  coïncide avec  l’année 2002 au cours de laquelle l’écrivain kényan, Binyavanga Wainaina, à travers  son livre "Discovering Home", obtint le prestigieux prix Caine, décerné chaque année à une nouvelle en langue anglaise écrite par un auteur africain. Cette distinction l’honora dignement et lui permt de créer,  l’année suivante, une association hyperactive de promotion de la littérature kényane. Il y a cependant encore tant à faire, notamment dans l’édition et la publication des ouvrages et particulièrement scolaires qui sont en grande partie imprimés à l’extérieur du pays et justifiant des coûts élevés. Les Kényans attendent de la part des pouvoirs publics un coup de pouce plus substantiel car la littérature s’avère une vraie passion et la soutenir un défi !

 

Ferréol Gassackys

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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