République centrafricaine : l’ONU confirme des violations des droits de l’homme contre la population civile

Mercredi 15 Janvier 2014 - 15:30

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Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH) a publié, le 14 janvier, les conclusions préliminaires d’une enquête ouverte en décembre dernier

Le document fait état d’une série de violations « généralisées » des droits de l’homme et de représailles, parmi lesquelles des exécutions extrajudiciaires, des violences sexuelles, des mutilations, des disparitions forcées, des mauvais traitements, des viols et des attaques délibérées contre des civils en raison de leur religion.

« En dépit d'importants efforts pour la réconciliation à Bangui, la situation demeure extrêmement instable et dangereuse. Sans une intervention sérieuse, d'autres attaques, y compris des atrocités à grande échelle telles que celles qui se sont déroulées le 5 décembre, pourraient bien se reproduire », a averti la haute-commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Navi Pillay.

Toutefois, elle a dissuadé les nouvelles autorités de recourir à une politique de « tirer pour tuer », en précisant qu’« il est essentiel que la réponse du gouvernement ne viole pas le droit international relatif aux droits de l’homme. »

Le HCDH a documenté de nombreux meurtres extra-judiciaires perpétrés à Bangui, suite au lancement d’une attaque coordonnée par les forces anti-balaka. Lors de ces affrontements, les forces anti-balaka ont tué des membres des forces ex-Séléka en prenant pour cible des civils musulmans, dont des femmes et des enfants.

De nombreuses exécutions extra-judiciaires ont aussi été commises par des forces ex-Séléka, qui auraient détenu des civils de sexe masculin, dont de jeunes garçons, et les auraient exécutés au camp Kassai. Ils auraient aussi recherché et exécuté des hommes et des garçons dans des hôpitaux, où des patients sévèrement blessés recevaient des soins.

L’équipe onusienne a documenté également des attaques contre des lieux de cultes impliquant des anti-balaka attaquant des lieux de culte musulmans.

Elle a, notamment, établi que, le 7 décembre 2013, deux personnes déplacées internes de l'église Saint-Paul à Bangui auraient été tuées par les forces ex-Séléka, à dominante musulmane. Le 13 décembre, huit civils chrétiens et musulmans ont aussi été tués dans différents quartiers de Bangui.

Les conclusions préliminaires suggèrent que le déploiement des troupes françaises et le renforcement des forces africaines de maintien de la paix, ainsi que le cantonnement consécutif de combattants ex-Séléka ont, dans une certaine mesure, empêché d’autres attaques à grande échelle par des ex-Séléka contre des anti-balaka et des civils chrétiens.

Cependant, la mission a reçu de nombreux rapports indiquant que le désarmement des ex-Séléka mené par les forces françaises aurait laissé certaines communautés musulmanes vulnérables aux représailles des anti-balaka. Divers incidents se sont déroulés à Bangui, au cours desquels des anti-balaka ou des foules hostiles ont pris pour cible et tué des ex-Séléka désarmés et leurs familles.

« L’état généralisé de non-droit et les violations flagrantes des droits de l’homme mis en exergue dans ces conclusions préliminaires confirment la nécessité d'une action urgente », a dit Navi Pillay.

Le compte-rendu définitif de l’enquête ainsi qu’une mise à jour de la situation des droits de l’homme seront donnés lors de la session spéciale organisée par le Conseil des droits de l’homme qui se déroulera le 20 janvier à Genève.

2,6 millions de personnes ont besoin d’une assistance humanitaire

C’est ce qui ressort d’un rapport d’évaluation sur la situation humanitaire en République centrafricaine, publié par le Programme alimentaire mondiale (PAM) et l’Office des Nations unies pour la Coordination des affaires humanitaires (OCHA).

Le PAM a déclaré qu’il était préoccupé par la détérioration de la sécurité dans le nord-ouest du pays. L’accès aux personnes dans le besoin est limité en raison de nouvelles vagues de violence. Les priorités concernent la santé, la nourriture, l’eau et l’assainissement.

À l’issue d’une visite de quatre jours en République centrafricaine, le directeur des opérations d’OCHA, John Ging, a appelé la population à l’unité. Il a déclaré que les acteurs humanitaires avaient multiplié leurs activités, mais que les besoins avaient fortement augmenté. John Ging s’est dit préoccupé par la dégradation de la situation humanitaire et a appelé les bailleurs de fonds à l’aide.

Yvette Reine Nzaba