« République des métis » : le lapsus ravageur de Kikaya Bin Karubi

Mercredi 6 Septembre 2017 - 19:59

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Le conseiller diplomatique de Joseph Kabila est pris, depuis quelque temps, dans la spirale d’une polémique après ses propos controversés sur une prétendue « République des métis » qui regrouperait des opposants au régime de Kinshasa au nombre desquels Moïse Katumbi et Sindika Dokolo. 

Le conseiller principal de Joseph Kabila en matière diplomatique n’est plus dans son élément depuis un temps. Il est fort embarrassé, car ses propos tenus début septembre et relayés par le journal français « Le Monde » étaient simplement déplaisants, voire teintés d’une dose de discrimination envers une catégorie sociale vivant en RDC : les métis. Le diplomate congolais faisait ainsi allusion à l’activisme politique affiché ces dernières années par une certaine caste d’opposants (sans les citer) à la peau blanchie qui ne ratent jamais une occasion pour tirer à boulet rouge sur le régime de Kinshasa.

Moïse Katumbi, le dernier gouverneur de l’ex-Katanga né d’un père juif séfarade originaire de l’île grecque de Rhodes, et Sindika Dokolo, gendre du président angolais sortant Edouardo dos Santos dont la mère est danoise, seraient les plus concernés par cette forme de stigmatisation plutôt mal perçue dans l‘opinion. Dans les réseaux sociaux, les propos controversés de ce proche collaborateur du chef de l’État ont été mal digérés faisant passer son auteur pour quelqu’un de suffisant et séparatiste par dessus-tout. Même dans son propre camp de la majorité présidentielle, des voix se sont levées pour tenter de recadrer ces propos mal pris par tous ceux qui sont épris de paix de justice sociale.   

Attaqué de toute part, l‘intéressé a plaidé non coupable. De passage récent à Paris pour quelques contacts avec les dirigeants français chargés du continent, il s’en est expliqué dans une interview accordée à Jeune Afrique. Barnabé Kikaya s’en est excusé certes mais a déclaré tout assumer. « C’était juste une petite pique pimentée, une petite phrase assassine - faut-il le dire - pour stigmatiser l’ethnisme, le communautarisme, le tribalisme en RDC. J’aurais pu bien parler de la République des ethnies, des tribus, des communautés. C’est cela que notre pays est devenu », s’est-il justifié tout en regrettant la frustration que cela a causé.

Il a reconnu que les métis forment aujourd’hui un groupe sociologiquement bien encré dans la stratification sociale du pays mais s’est insurgé contre une certaine propension d’un groupe des métis à vouloir s’opposer au régime en place à Kinshasa alors que le pays avait déjà fait un grand effort dans l’intégration des tribus et des ethnies. « Tel est le sens du message que je voulais faire passer : combattre la façon dont la politique est faite aujourd’hui », a-t-il lancé non sans convaincre une certaine opinion intérieure qui cherche à sonner le tocsin de la révolte dans le milieu des Congolais métissés. 

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Kikaya Bin Karubi

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