Restauration de la paix à l’est : un état-major régional intégré en gestation

Samedi 26 Octobre 2019 - 16:43

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Les représentants militaires de la République démocratique du Congo (RDC), du Rwanda, du Burundi, de la Tanzanie et de l'Ouganda se sont réunis, du 24 au 25 octobre à Goma (Nord-Kivu), pour discuter de la mise en place d’un état-major intégré en vue de lutter contre les groupes armés opérant dans leurs frontières communes.

 

 

Les cinq pays entendent mutualiser désormais leurs forces dans une perspective de traque des groupes armés qui sillonnent leurs frontières communes, laissant derrière eux affliction et désolation. L’heure est venue pour eux de mettre un terme à l’activisme de ces forces négatives dont la présence dans la région est une source récurrente d’insécurité. C’est dans ce cadre que les responsables militaires de ces pays se sont retrouvés jeudi dernier à Goma aux fins de concevoir une stratégie commune de lutte censée restaurer la paix dans la région. Durant deux jours, les participants ont notamment réfléchi sur la possibilité de mettre sur pied un état-major intégré impliquant les pays concernés, quitte à mettre ensemble leurs efforts et leurs logistiques aux fins d’accroître l’efficacité d’intervention des troupes sur le terrain. La Monusco et Africom (le commandement des États-Unis pour l'Afrique) ont participé à ces discussions en qualité d’invités et d’observateurs.  

Les participants ont renoncé, sous la pression de la société civile, à la tentation de recourir à l’intervention des forces étrangères dans cette opération militaire régionale. « Nous mutualisons des ressources et des moyens. Cela ne signifie pas faire appel à des forces qui viendront opérer sur le territoire congolais. Loin de cela. Nous mutualisons les forces pour traquer ces gens sur les frontières. Ces gens traversent toutes les frontières de beaucoup de pays et font du mal. Et nous devons nous mettre en garde, nous mettre ensembles pour faire ce travail », a nuancé le porte-parole des Forces armées de la RDC ( Fardc), le général Léon Kasonga, tout en demandant aux groupes armés actifs dans l'est congolais de « déposer les armes ».   

Une alliance mal vue par la société civile

Plusieurs voix, en effet, se sont élevées pour protester contre le redéploiement éventuel des troupes étrangères à l’est de la RDC, redoutant des dégâts collatéraux qui pourraient en résulter comme autrefois lors des opérations similaires menées dans les mêmes zones. C’est, indique-t-on, le cas des opérations antérieures menées par les Fardc conjointement, d’une part, avec l'armée ougandaise et du Sud-Soudan contre les rebelles LRA dans l’ex-province orientale, et d’autre part, avec l'armée rwandaise contre les rebelles FDLR au Nord-Kivu (la fameuse opération Umoja Wetu en 2009).

Ces alliances militaires ont, par ailleurs, donné naissance à des mouvements rebelles tels que le CNDP et le M23 dont les incursions répétées à l’est de la RDC ont fait de nombreuses victimes. La société civile du Nord-Kivu voit d’un très mauvais œil cette nouvelle alliance militaire régionale qui risque de déborder de son cadre pour davantage insécuriser la population civile. D’après elle, la meilleure façon de protéger cette population est de réhabiliter l'autorité de l'État, la justice, la police et l'armée en veillant à ce que chacun soit soumis aux règles de respect de la personne humaine. 

En attendant la prochaine rencontre entre les responsables militaires de la région, le principe de création d’un état-major intégré a été acté, quitte à en définir les modalités. Outre les groupes armés locaux opérant dans les limites du territoire national congolais, la structure militaire en gestation aura fort à faire contre notamment les milices ougandaises des Forces démocratiques alliées, les rebelles des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) et les rebelles burundais des Forces nationales de libération considérés comme les plus actifs dans la région.

Alain Diasso

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