Retrait définitif de la Monusco : les prévisions sérieuses tablent sur fin 2016

Mardi 19 Août 2014 - 20:43

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

La partie ouest de la RDC ne constituant plus une préoccupation majeure en termes d’insécurité, le centre d’intérêt de la mission onusienne s’est déplacé à l’Est où fulminent des groupes armés pour la plupart réfractaires au processus de désarmement volontaire.

On en parlait presque plus. Et pourtant, le processus de désengagement de la Monusco en RDC est irréversible. Il vient d’ailleurs d’être relancé à la faveur du dernier entretien que venait d’avoir le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU Martin Kobler et le ministre de l’Intérieur Richard Muyej. Évaluant le processus de désengagement de la mission onusienne sur le territoire congolais, les deux personnalités se sont satisfaites de son évolution, notamment à l’ouest du pays  où la Monusco assure un service minimum, le gros de ses services ayant été affecté à Goma, au Nord-Kivu. Depuis plusieurs mois déjà, le quartier général de cette institution onusienne a été installé à l’est de la RDC où se concentre désormais l’essentiel de ses activités. Le Nord et le Sud-Kivu, le nord du Katanga, une partie du Maniema et l’Ituri en Province Orientale sont désormais sous l’emprise des casques bleus de la Brigade spéciale de la Monusco chargés de consolider la paix dans ces différents coins du pays.

Le déménagement des unités de la Monusco constitue un premier pas dans la dynamique liée à son désengagement, estiment les observateurs. Dans les milieux proches de l’institution, l’on en se fait plus d’illusion. Le processus est irréversible d’autant plus que le budget alloué à la mission a été amputé de 73 millions de dollars, les principaux bailleurs de fonds (la Grande-Bretagne et les États-Unis) n’étant plus en mesure de supporter la facture salée qu’impose la gestion de près de 22000 casques bleus en poste en RDC.  Le personnel réaffecté dans les Kivu, indiquent des sources, ne rejoindra plus Kinshasa et quittera la RDC par Entebbe, une base militaire américaine établie en Ouganda. Difficile certes de prédire à l’heure qu’il est la date exacte de départ du dernier agent de la Monusco en RDC, mais tout ce que l’on sait c'est que, tôt ou tard, la mission onusienne pliera ses bagages après de bons et loyaux services rendus en RDC.

Des préalables s’imposent

 Le désengagement total de la Monusco ne se déclinera pas à coup de baguette magique. Il existe, en effet, des préalables à remplir liés notamment à la stabilisation de l‘ensemble du pays, pour ne pas laisser les populations congolaises orphelines d’une Monusco qui était toujours prompte à intervenir lorsque la situation sécuritaire se gâtait.  Car, faut-il l’avouer, du côté de la population, la peur de la recrudescence des actes de violence de la part des groupes armés n’a pas encore totalement quitté son imaginaire. D’où d’ailleurs, le retrait graduel imposé par le Conseil de sécurité à la Monusco après le renouvellement d’une année de son mandat en RDC. En définitive, il s’agit de s’assurer que le pays ne revivra plus des pires moments causés par des luttes armées après le départ des casques bleus et que la sécurité, la défense du pays, les droits de l’Homme, etc. seront garantis sur fond de la restauration de l’autorité de l’État sur tout le territoire national.

Or, à l’heure qu’il est, ces préalables sont loin d’être remplis comme en témoigne la persistance des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) sur le sol congolais. Alors que la Conférence internationale sur la région des Grands lacs  vient de lancer un dernier ultimatum aux ex-rebelles hutus rwandais leur demandant de quitter le territoire congolais d’ici fin 2014, la Monusco, quant à elle, s’en tient à l’option militaire. Elle est décidée à régler l’équation FDLR avant de plier définitivement bagages. Entre-temps, la même Monusco continue d’avoir l’œil rivé sur le cycle électoral 2013-2016 espérant qu’il amènera la RDC à se doter des institutions fortes réellement légitimées par le peuple souverain.

Au-delà de tous ces préalables qu’impose le retrait des casques bleus de la Monusco, il y a aussi l’impératif de bien gérer l’après-Monusco en dotant le pays d’une unité spéciale nationale à même de continuer à jouer le rôle de la Brigade spéciale. Sans quoi, la Monusco aura encore de bons arguments pour demeurer en RDC qui, par ailleurs, offre de nombreuses opportunités d’affaires pour des casques bleus trempés pour la plupart dans des activités d’extraction et de commerce des minerais.

 

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Des casques bleus de la Monusco