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RFI encore et toujours, hélas !

Mardi 27 Juin 2017 - 20:54

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Il nous revient de différentes sources que la « Radio du monde »- quelle modestie ! - s’est étonnée récemment, dans une revue de presse diffusée sur ses ondes, que Les Dépêches de Brazzaville ne parlent pas de l’affaire dite des «biens mal acquis» et de la mise en examen de proches du président Denis Sassou N’Guesso par la justice française. 

Si nous gardons le silence sur une affaire que les journalistes de Radio France Internationale exploitent depuis des années dans un but clairement politique et qui débouchera inévitablement un jour ou l’autre sur un fiasco judiciaire dont les dernières péripéties du procès intenté à l’Equato-Guinéen Téodorin Obiang Nguema donnent dès à présent une bonne idée c’est très précisément pour les raisons suivantes.

Première raison : tout le monde sait que les familles des dirigeants du monde entier détiennent des biens immobiliers importants à Paris et sur le territoire français, mais à ce jour trois pays africains seulement - le Congo, le Gabon, la Guinée Equatoriale - font l’objet d’enquêtes sur l’origine des fonds ayant permis l’acquisition de ces biens, ceci alors même que la fortune française des dirigeants saoudiens, qataris, émiratis et autres est infiniment plus grande.

Deuxième raison : s’il en va ainsi c’est que l’agression judiciaire menée contre les dirigeants de ces trois pays africains est conduite, pour des raisons qu’il faudra bien élucider un jour, par des organisations dites de «défense des droits de l’homme» dont les finances sont pour le moins opaques et que défendent des avocats français dont un au moins compte parmi les héritiers d’une famille richissime ayant bâti sa fortune sur l’exploitation des peuples du tiers-monde.

Troisième raison : le respect des règles éthiques de notre métier devrait conduire les médias qui se régalent de cette affaire à attendre pour parler et écrire que les juges français - dont, soit dit en passant, l’intervention est aussi discutable que discutée dans la sphère internationale - rendent leur verdict, mais Radio France Internationale n’a manifestement pas la même conception du métier que la nôtre et se conduit comme le font les pompiers pyromanes.

Quatrième raison : une telle attitude est d’autant plus surprenante, pour ne pas dire choquante, que la «Radio du monde» est en réalité un instrument de communication, de lobbying, placé entre les mains de la diplomatie française et non un média libre, indépendant, puisqu’elle fait partie du très puissant groupe France Médias Monde (France 24, RFI, MCD + une participation dans TV5 Monde) dont le financement est entièrement assuré par l’Etat, donc par les contribuables français.

Cinquième raison : sur le plan diplomatique, précisément, l’agression menée contre le Congo et ses voisins par la justice et les médias français constitue une faute qui coûte d’ores et déjà très cher à la France puisqu’elle est perçue, à Brazzaville et partout ailleurs en Afrique, comme une tentative de remise sous tutelle des pays qui ont accédé à l’indépendance en 1960 et se sont débarrassés de la tutelle coloniale qui pesait sur eux depuis plusieurs siècles.

Sixième raison : alors que plusieurs pays de l’Afrique centrale - la Centrafrique, la République Démocratique du Congo, le Cameroun, le Gabon - se trouvent confrontés à de sérieuses tensions internes s’en prendre à certains de leurs dirigeants pour des raisons plus que discutables n’est pas autre chose que jeter de l’huile sur un feu qui couve et dont le génocide du Rwanda, que la France ne sut ni prévenir ni combattre, donne une idée précise.

Conclusion : incapable de comprendre ce qui est en jeu dans cette affaire pour la France et pour l’Afrique Radio France Internationale se laisse manipuler comme une enfant. C’est bien évidemment regrettable dans un moment comme celui que nous vivons où les nouveaux dirigeants français vont devoir opérer un retour précipité vers l’Afrique fondé sur la coopération et non plus sur la domination si du moins leur pays veut demeurer une grande puissance au sein de la communauté internationale.

Que les choses soient donc claires : nous ne nous laisserons pas manipuler, nous journalistes congolais, dans l’affaire dite «des biens mal acquis».

 

 

 

 

Les Dépêches de Brazzaville

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