"Rigueur et vérité" : ce qu'en pensent les acteurs politiques

Samedi 7 Janvier 2017 - 15:30

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Le président de la République, Denis Sassou N’Guesso a rendu public, le 31 décembre dernier, son traditionnel message de vœux, au titre de l’année 2017. Plusieurs personnalités ont réagi, le 6 janvier, à l’issue d’un échange de vœux avec le chef de l’Etat, sur le contenu de ce message, interprétant diversement les concepts rigueur et vérité utilisés par le chef de l'Etat.

Calixte Nganongo (ministre des Finances)

Le président de la République a utilisé deux concepts : "rigueur et vérité". D’abord la vérité parce qu’il faut dire la vérité, et la rigueur parce que nous sommes dans une position tangente, compte tenue de la crise financière. Il est clair qu’à travers le budget rectifié, celui de 2017 est un budget de rigueur. Nous pensons avoir pris toutes les mesures pour qu’il y ait des ajustements internes nécessaires, en vue d’accomplir le vœu du chef de l’Etat.

 

Alain Akouala Atipault (ministre des ZES)

C’est une instruction qui a été faite à toute la Nation. Chacun de nous, partout où il se trouve, doit être capable de l'appliquer dans sa pratique quotidienne.

Au niveau des Zones économiques spéciales, je tiens à dire que le processus est  enclenché, notamment sur le plan légal. Nous avons déjà revu un certain nombre de dispositions au niveau de la loi devant régir les zones économiques spéciales du Congo.

J’en profite de l’occasion pour saluer le travail déjà abattu par les directions générales des impôts et des domaines ; des douanes et des droits indirects et celle du Trésor public, pour avoir passé des journées entières à travailler avec nous, pour voir ce projet de loi, ligne par ligne.

Il a fallu qu’avec le ministre Jean Jacques Bouya, nous puissions, dans  le cadre d'une démarche de prospection et de sondage, consulter les pays émergents dont nous avons remarqué un fort intérêt d’investisseurs pour venir développer leurs activités au Congo.

Nous allons donc réactualiser cette loi, qui se trouve déjà au secrétariat général du gouvernement, afin de l’envoyer à la Cour suprême. Je pense que dans les semaines à venir, cette loi passera en Conseil de ministres.

Charles Emile Apesse (Président de la Cour des Comptes  et de discipline budgétaire)

Par-delà les aléas d’une conjoncture économique et financière difficile, le président de la République nous a dit avec abnégation, esprit de service, audace, rigueur et surtout vérité, que chacun prenne sa place et exerce son emploi essentiel sans se disperser.

Au niveau de la Cour des Comptes et de discipline budgétaire, nous avions accueilli ce message de fin d’année avec beaucoup de conscientisation, parce que plusieurs parties de ce message interpellent notre institution.

A la Cour des Comptes, pour arriver à la rigueur et à la vérité,  nous avons d’abord besoin que se poursuive le processus d’institutionnalisation de la mise en place du dispositif de toutes les institutions de la nouvelle Constitution.

En ce qui nous concerne, c’est notre loi organique déterminant nos compétences, notre statut, notre organisation et aussi notre procédure.

Au niveau de la Cour des comptes et de discipline budgétaire, ce message vient cimenter notre conviction habituelle, parce que nous devons avec rigueur et vérité, veiller  sur les prévisions,  l’exécution de nos recettes et dépenses relatives au budget de l’Etat.

En tant que citoyen, ce message est riche parce qu’il nous invite à l’intériorisation de notre citoyenneté, de ce que nous sommes dans une République, qui doit être une, laïque et fraternelle.

 

Kignoumbi Kia-Mboungou (deuxième sectrétaire de l'Assemblée)

Je crois que c’est trop tôt pour en parler, il faut que je médite d’abord le discours du chef de l’Etat, après je vous dirai ce que je pense et comment mettre en application ce qui a été dit.

En ce qui concerne l’Assemblée nationale, c’est d’abord un instrument de contrôle du gouvernement, et nous-mêmes, qui sommes animateurs de cette institution, les représentants de la population, nous veillerons à ce que, ce qui se réalise, se fasse bien pour l’intérêt des Congolais.

Nous serons donc à l’ouvrage pour veiller sur l’application de ce qui est dit par le chef de l’Etat, notamment le contrôle de l’action du gouvernement.

 

Pascal Tsaty Mabiala député de Loudima (S.G de l'Upads)

Ce message est un extraordinaire aveu d’échec du président de la République. Le chef de l’Etat a donc reconnu que le pays est mal géré depuis longtemps, qu’il faut maintenant de la rigueur et dire la vérité aux Congolais.

Souvenez-vous qu’en 2009, lorsqu’il était réélu, devant plusieurs chefs d’Etat, il avait fait un discours que je qualifierai de fondateur. Tout ce qu’il a dit dans ce discours 2017, avait été dit. Sept ans après, on est à la case départ. Cela veut dire que tant qu’il n’y aura pas d’alternance politique,  la rupture tant prônée ne sera qu’un simple slogan.

Prenons le cas de l’administration publique, il y a des directeurs généraux qui sont à leurs postes depuis 15 ans, d’autres 20 ans sans être relevés. Dans un Etat démocratique, cela ne peut pas se faire.

Depuis que je suis à l’hémicycle, c’est pour la première fois que j’ai voté le budget parce que les intentions sont bonnes. Mais il ne faut pas toujours se fier aux apparences, parce que même les cimetières présentent de bonnes intentions, il faut plutôt aller au fond des choses.

Actuellement, nous avons relevé l’impôt à 50% aujourd’hui, quoi de plus normal, mais pourquoi le gouvernement ne l’a jamais fait avant ?  Il faut être rigoureux même lorsque la situation économique est bonne.

Aimé Emmanuel Yoka (député de Mvinza sur la crise dans le Pool)

Même si la situation du Pool devient comme une épine dans le pied,  il faut enlever cette épine, sinon vous marcherez mal ou pas du tout.  

C’est simple, il suffit seulement de situer les responsabilités sur le fait de savoir quelle est la nature des intérêts gérés par les tiers. Si on répond à ce questionnement stratégique, on a un début de réponse ou une solution à ce problème.

Nous sommes une nation, nous devons nous mettre ensemble autour de ce malade récurrent qui est le Pool, et s’attacher à trouver la cause de cet éternel recommencement.

D’aucuns disent que cette situation n’est qu’une farce. Je ne voudrai pas engager le débat sur le terme utilisé. Lorsque la télévision nationale nous montre les images des corps et voitures calcinés, c’est ça la farce ?

Il y a morts d’hommes récurrent dans cette zone et les gens parlent de farce, c’est vraiment stupide.

Nous sommes un pouvoir en place, les intérêts que nous gérons sont incomparablement supérieurs à ce qui peut être géré par d’autres milieux. C’est celle-là la question dialectique. Qui a aujourd’hui l’intérêt de ce qu’il ait la paix ? Posez cette question directement, vous trouverez une bonne réponse.

 

Firmin Oyé

Légendes et crédits photo : 

2,3,5 et 6 (photo adiac)

Notification: 

Non