Romaric Oniangué : « Je pense qu’il y a de l’espoir quant à l’avenir du cinéma en salle au Congo »

Jeudi 18 Avril 2019 - 21:22

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Romaric Oniangué est fondateur de la société Sorom holding, qui  a redonné depuis quelques années le goût du cinéma aux jeunes grâce à son label Ciné Box, qui est dans la distribution et la production cinématographique au Congo. Un secteur dont l’avenir n’est plus à redouter.

Les Dépêches du Bassin du Congo (L.D.B.C) : Pourquoi vous vous êtes lancé dans le cinéma ?

Romaric Oniangué (R.O.) : Si nous avons pensé nous lancer dans le cinéma, c’est d’abord pour les loisirs. En effet, nous avons constaté que depuis vingt-cinq ans, c’était un secteur presque mort, il n’y avait plus de salles de cinéma, créant ainsi un vide. Il était donc important de changer la donne. Les parents ont connu le cinéma en salle au Congo mais à part ces années-là, nous dirons que c’est toute une génération des jeunes qui n’a pas connu de cinéma en salle. On devait donner la chance aux enfants du pays de bénéficier des mêmes avantages que ceux qui sont à l’étranger. De l’autre côté, en termes de business, c’était intéressant parce qu’à l’ère de l’information et de divertissement, il fallait impulser le secteur du cinéma au Congo en termes de valeurs et d’industries pour permettre aux réalisateurs et producteurs congolais d’avoir un espace de diffusion de leurs films. L’autre raison c’est aussi la  promotion de loisirs sains. 

L.D.B.C. : Quels types de films proposez-vous à vos clients ?

R.O. : Nous diffusons tous les films, il n’y a pas trop de règles strictes. Ce sont pour la plupart des films programmés dans les grandes salles de cinéma, notamment tout ce qui est box fixe américain, des grandes sorties de grandes maisons de production universelle. Même quand ça sort en France, il y a une différence de deux jours pour que ça soit diffusé ici à Brazzaville. Là-bas, les films sortent le mercredi et nous, nous les diffusons le vendredi. Nous diffusons aussi les films africains : congolais, camerounais… On essaie de faire au maximum la promotion du cinéma congolais et africain en général.  

L.D.B.C. : Canal Olympia vient d’inaugurer sa première salle de cinéma à Brazzaville. Etes-vous prêts à affronter la concurrence ?

R. O. : Non. Je vous dirai qu’avec eux on ne pourra pas parler de concurrence parce que nous avons de bons rapports avec le groupe Bolloré. Ce sont des partenaires au développement. Avec de telles initiatives, c’est toujours le Congo qui gagne. Aujourd’hui, savoir que des grands groupes comme Vivendi, Canal Olympia s’installent au Congo, cela veut dire que le pays a de très beaux jours et toutes ces initiatives privées priment l’industrie cinématographique dans le pays. Nous n’avons pas besoin d’avoir un monopole sur le marché, nous voulons qu’il y ait des salles cinématographiques au Congo ; un marché cinématographique qui se développe. Tous ces investissements, que ça soit le nôtre ou celui de Vivendi ou bien d’autres encore, contribuent au développement de l’industrie cinématographique dans le pays. Il faut voir les choses du bon côté.

L.D.B.C. : Quels sont vos partenaires à l’étranger ?

R.O. : Nous avons effectivement plusieurs partenaires à l’étranger qui ont pignon sur rue en termes de distribution en Afrique et de grands promoteurs cinématographiques pour pouvoir avoir les droits de diffuser les nouveaux films, les tout derniers et qui sont surtout à la mode afin de mieux satisfaire notre clientèle. Je n’oublie pas Gilles Massamba qui est notre associé de la salle de cinéma.

L.D.B.C : Quel peut être votre regard sur le cinéma au Congo vingt-cinq ans après?

R.O. : Vingt-cinq ans et plus, sans cinéma au Congo. On ne dira pas que rien n’a été fait. Il y a eu des petites initiatives qui ont été prises. Je jette des fleurs à DRTV production  qui a sorti, il y a plus d’une décennie, des films qui ont révolutionné le cinéma congolais. Mais il faut aussi reconnaître en passant que pas grand-chose n'a été fait. C’est maintenant que tout semble bouger. L’industrie du cinéma est très vaste et exige non seulement des salles mais il faut également des producteurs, des réalisateurs, du matériel, de l’équipe, de la formation. Parce qu’il y a un certain nombre d’éléments qui mettent en place cette industrie. Je suis content de voir désormais des Congolais qui, surtout dans la réalisation, commencent à produire des films de qualité que nous avions même diffusés dans notre salle. Je pense qu’il y a de l’espoir quant à l’avenir du cinéma en salles au Congo. Et  que tout devait aller.

L.D.B.C : Une dernière préoccupation ?

R.O. : Peut-être pas. Mais je voudrai rappeler quelque chose. Il faudrait penser à primer l’excellence et que l’on commence à diversifier notre économie en se fondant sur les champions locaux dans tous les domaines. C’est important aujourd’hui que le Congo se dise que son économie est fondée sur les richesses locales qui doivent aussi sortir pour conquérir les marchés extérieurs, s’installer à l’extérieur et pouvoir rapatrier les fonds en termes de devises dans notre pays.

 

Propos recueillis par A Ferdinand Milou

Légendes et crédits photo : 

Romaric Oniangué

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