Rome va manifester pour la libération des lycéennes nigérianes

Mercredi 18 Juin 2014 - 16:15

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De nombreuses associations entendent se joindre à la diaspora africaine dans les rues de Rome ce samedi pour réclamer la libération des otages de Boko Haram

Que l’enlèvement de plus de deux cent lycéennes de la localité de Chibok, dans l’État de Borno, au nord du Nigéria, soit une affaire qui suscite une émotion planétaire n’est plus à démontrer. En Europe, en Asie, en Afrique, aux États-Unis — jusqu’à la Maison-Blanche —, les manifestations se multiplient pour marquer, y compris par les réseaux sociaux, la solidarité pour le sort de ces jeunes femmes. D’autant plus que la secte islamiste de Boko Haram qui a revendiqué ces enlèvements (ainsi que celui de vingt autres jeunes femmes nigérianes au début de ce mois) menace toujours de les vendre et/ou de les marier de force.

La campagne « # BringBackOurGirls » (ramenez nos filles) bat son plein dans le monde. Michelle Obama s’y est même ostensiblement jointe. Mais jusqu’ici, l’Italie était un peu en retrait de la vague d’émotion mondiale. En dehors de quelques propos isolés, les grands ténors de la politique ne donnaient pas l’impression d’avoir été touchés par les agissements de Boko Haram. Sauf, c’est logique, lorsque ce mouvement terroriste s’en est pris à des missionnaires italiens dans le nord du Cameroun. Ils ont été libérés depuis.

Cette « lacune » est en voie d’être corrigée. Ce samedi partiront de plusieurs endroits de Rome des manifestations BringBackOurGirls. Elles seront menées par l’association Nigerian Community qu’appuie fortement le département pour l’égalité des chances de la Région du Lazio (Latium, Rome et sa province). Elles ont d’ores et déjà suscité des milliers d’adhésions en ligne, une campagne conduite par l’association interculturelle Griot, connue pour ses conférences et ses débats sur les questions de l’interculturalité et de l’intégration. Griot a pour principale animatrice Marguerite Lottin, fille du célèbre musicien camerounais décédé Eboa Lottin.

Des associations féminines et masculines de toutes origines, des organisations humanitaires et divers regroupements de la diaspora africaine vont battre le pavé romain aux cris de « Libere di essere - Libere di scegliere » (Libres d’être, libres de choisir) par lesquels les organisations entendent de nouveau attirer l’attention sur le sort de la femme africaine. Plusieurs contraintes culturelles font d’elles la victime trop souvent directe de mœurs et pratiques d’un autre temps. Rappelons, par exemple, que la campagne mondiale contre l’excision a trouvé à Rome une de ses plus puissantes avocates en la personne d’Emma Bonino, l’ancienne ministre italienne des Affaires étrangères et militante féministe de la première heure.

La manifestation de samedi commencera à 17h30. Les différents cortèges qui feront jonction au pied du Capitole, la mairie de Rome, s’ébranleront ensuite en direction de la place Farnèse, point d’arrivée retenu. Cet endroit n’a pas été choisi au hasard : la place Farnèse est considérée comme la place de la liberté pour les étrangers en Italie. Depuis 1874, le palais Farnèse est le siège de l’ambassade de France en Italie.

Lucien Mpama