Rosalie Matondo : « Oui, le Congo peut être fier de la gestion de ses forêts ! »

Mercredi 20 Juillet 2016 - 18:30

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La ministre de l’Economie forestière, du développement durable et de l’Environnement a pris part à Rome, lundi, au Comité des forêts de la FAO.

C’est un « Non » catégorique que la ministre de l’Economie forestière oppose aux critiques sur la gestion, par le Congo, de ses espaces forestiers. Non : le Congo ne brade pas son bois, ne laisse pas ses forêts à la merci d’exploitants véreux, ne mène pas une politique non-soucieuse du lendemain et des impératifs de développement durable. Venue prendre part au Comité des forêts de la FAO à Rome, elle a répondu aux questions de notre correspondant, Lucien Mpama.

 

Les Dépêches de Brazzaville : Mme la ministre, est-ce que le Congo peut vivre durablement de ses forêts, le bois étant sa deuxième ressource à l’exportation ?

Rosalie Matondo : Oui, certainement, car 65% du territoire du Congo est occupé par les forêts. Depuis l’an 2000, le pays a mis en place une politique de gestion durable de ses écosystèmes forestiers. Cela veut dire : aménagements forestiers concédés à l’exploitation forestière, soit plus de 5 millions d’hectares, dont une très grande partie constituée de forêts certifiées au standard le plus contraignant en la matière. Nous avons également concédé 13% de notre territoire aux aires protégées, soit à peu près 4,5 millions d’hectares à la conservation. Cela passe par des permis de 30 ans, de sorte qu’au bout d’une rotation de cette durée, on puisse retrouver des arbres exploitables. En outre, qui dit gestion durable dit aussi application d’une exploitation à faible impact : seulement deux à trois arbres sont exploités à l’hectare. Donc, comme vous pouvez voir, nous veillons à la gestion durable de notre ressource pour que les générations actuelles et les générations futures puissent en vivre.

DB : Des organisations écologistes accusent le Congo de brader son bois et de laisser carte-blanche à des exploitants peu scrupuleux… ?

R M : Nous n’acceptons pas ce genre de critiques, parce que nous exploitons notre ressource aux termes de contrats de partenariat que nous signons avec les privés. Eux, appliquent la réglementation congolaise. Nous, administration, sommes là pour vérifier le plein respect de cette réglementation. Les principes de notre politique forestière sont suivis par des directions départementales sur tout le territoire. Nous octroyons des volumes annuels qui doivent être respectés par les partenaires. Nous avons aussi mis en place des services de contrôle des produits forestiers à l’exportation ; ils veillent au respect du quota que la loi autorise. Les quotas sont de 95/15: c’est-à-dire que 95% de notre bois doit être transformé au Congo, et 15% de grume seulement pour l’exportation. Tout cela, ce sont des mesures contenues dans notre loi et que nous appliquons en tant qu’administration et que nous faisons appliquer à nos partenaires concessionnaires. Dire que nous bradons notre bois : non ! Les taxes sont payées, et là aussi il y a l’inspection générale à l’Economie forestière qui veille à ce que les partenaires payent leurs taxes. Non : le Congo n’a pas à avoir honte de la gestion qu’il fait de ses forêts. Au contraire, nous en sommes fiers. Parce qu’il est leader en matière de ce que je viens de dire : aménagement forestier, certification, aires protégées. A cela s’ajoute le fait que le Chef de l’Etat a lancé, depuis 2011, le programme national d’afforestation et reboisement qui contribue à l’augmentation du stock carbone de notre pays. Non, je redis : nous n’avons pas honte de la gestion forestière!

DB : Vous vous occupez aussi de l’environnement, mais on a l’impression que c’est un problème des élites, et que les populations qui pratiquent les cultures sur brûlis ne s’en sentent pas partie prenante.

R M : Oui, les populations sont conscientes des enjeux environnementaux. Elles vivent les changements climatiques et les changements des saisons culturales. Mais je voudrais souligner que l’environnement ne concerne pas seulement la gestion durable, il est aussi dans l’environnement immédiat des populations elles-mêmes ; lié par exemple à l’utilisation des sachets plastiques qu’une loi au Congo interdit d’importation et de vente. Nous veillons à ne pas voir menacé l’environnement de nos populations. Nous avons aussi le problème de l’érosion des zones sensibles à Brazzaville, à Pointe-Noire et dans les grandes villes à cause de l’occupation anarchique des terrains urbains. Pour ce que vous avez évoqué, à savoir: l’agriculture itinérante sur brûlis, nous travaillons à éduquer nos populations pour des systèmes agricoles qui ne puissent pas impacter leur et notre environnement, et pourquoi pas celui de la planète.

DB : Dans tout ça, en quoi la FAO vous aiderait-elle ? Qu’attendez-vous de la réunion actuelle ?

R M : Notre participation vise à contribuer aux recommandations générales du Comité des forêts sur les objectifs du développement durable. Nous venons expliquer ce que fait le Congo pour la gestion de ses écosystèmes forestiers, en même temps qu’apporter une nouveauté : la conservation ne doit pas s’arrêter à la seule action de conservation. Le développement durable commande que soient observées, en même temps, les trois aspects de l’économie, du social et de la préservation. La forêt constitue la ressource principale de nos populations, il faut donc des activités génératrices de revenu et des solutions alternatives pour une agriculture durable. A la réunion de la FAO, nous voulons contribuer en disant ce que nous faisons ou voulons faire pour nos populations, afin qu’elles soient actrices de la conservation tout en améliorant leurs conditions de vie. Nous voulons que la FAO soit partenaire dans ces solutions pour nos communautés locales. Notre désir est celui de mettre ces solutions dans la boite à outils à proposer aux partenaires qui font de l’exploitation forestière.

DB : En un mot, vous êtes optimiste pour le futur ?

R M: Il le faut. Les défis sont importants pour le développement du pays, qui entend devenir un pays émergent. Il faut donc qu’il vive de sa ressource, tout en assurant son développement durable.

Lucien Mpama

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