Sacs en plastique : la guerre continue !

Vendredi 18 Novembre 2016 - 15:45

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L’interdiction de l’usage abusif et incontrôlé des sacs plastiques non biodégradables au Congo poursuit son combat face à une politique faible et des mesures moins strictes.

L’initiative d’interdiction des sacs plastiques non biodégradables a réussi, malgré tout, à s’imposer comme une nécessité environnementale, comme cela s’est fait dans plusieurs pays d’Afrique. La prise de conscience gagne de plus en plus les populations congolaises qui ont compris son impact néfaste et l’opportunité de son remplacement par des sacs biodégradables. Aujourd’hui, la question n’est plus à l’interdiction de la prolifération des sacs non biodégradables, mais à la pérennisation de cette action. Cette initiative demeure également importante face à l’inexistence d’une vraie politique d’urbanisation et d’assainissement des villes.

Souvent utilisé entre sa distribution chez le commerçant et le déballage des courses à la maison ou à l’instant près selon les produits consommés, un sac met entre 100 et 400 ans pour se dégrader. Le Congo connaît un réel problème de gestion des déchets plastiques et la pollution causée par ceux-ci est devenue source d’insalubrité. La question est d’éduquer l’ensemble des Congolais aux éco-gestes, au tri sélectif, à la réduction, à la source des déchets et à la durée de vie des macro déchets.

Les sacs plastiques exercent une menace directe sur les écosystèmes, particulièrement marins, puisque 75% des déchets en mer sont en plastique et affectent plus de 260 espèces. Poissons, tortues, oiseaux et mammifères marins se font ainsi piéger par ces « leurres ». Fin 2014, une étude internationale publiée dans la revue PloS One annonçait le chiffre vertigineux de 269 000 tonnes de déchets en plastique dans les océans, tous ne provenant pas de sacs, dont une partie flotte à la surface de l’eau, formant un « septième continent » de plastique.

Un marché noir s’installe

Malgré l’interdiction de la production et l’importation des sachets en plastique, certains commerçants trouvent des canaux pour s’en procurer. Alors un marché noir s’installe, loin des regards indiscrets. Grâce à sa nouvelle dénomination « Niaou » (chat en français), qui apparaît comme un code, un client peut s’approvisionner en sachets plastiques quelle qu’en soit la quantité. Ainsi, s’installe un marché illégal qui ne cesse de prendre de l’ampleur.

Bien que la production, l’importation, la commercialisation et l’utilisation des sacs et des films en plastique soient interdits, des commerçants s’approvisionnent notamment à la frontière avec la RDC ainsi qu’au Cabinda, où les sachets et sacs plastiques de contrebande se vendent à des prix prohibitifs sous les manteaux.

Depuis quelques mois, il suffit de passer dans les arrêts de bus et dans les marchés pour se rendre compte que ces mesures ne sont plus respectées. Aucune prise de conscience de la part de ces commerçantes face à l’importante pollution environnementale due aux déchets de sacs en plastique, empêchant l’infiltration des eaux de ruissellement et provoquant au passage, des inondations et des glissements de terrains. Leur seul souci : vivre de leur commerce (jus de fruit, bissap, eau glacée, tangawiss, foufou…) Étant très nocifs pour l’environnement, les sacs en plastique sont entrés dans la ligne de mire de plusieurs pays. La législation doit donc s’accompagner de mesures de répression afin d’être efficace. De plus, les récalcitrants doivent être exposés à une amende pour faire respecter la loi.

Enjeu économique

Ne disposant d’aucune usine de production de sacs en plastique, le Congo ne court aucun danger économique d’envergure. L’impact économique est donc minime. Mais toutefois plusieurs sociétés, notamment ceux vendant de l’eau purifiée, ont mis la clé sous le paillasson. En effet, le marché des sacs écologiques représente un business très lucratif. Il est donc question de stimuler l’économie autrement. Pour faire le contrepoids de cette baisse de l’activité économique dans les secteurs concernés, il faut avoir recours au recyclage pour ainsi instaurer un système de collecte efficace des déchets et des matières recyclables. Ce qui s’avère un long processus. En attendant, des initiatives individuelles voient le jour au Congo. Méconnu du grand public, des Congolais collectent les matières plastiques pour ensuite les vendre aux sociétés telles que Ragec. La société Himo s’est également spécialisée dans le recyclage des matières plastiques pour la fabrication de pavés. Une façon de donner une seconde vie au plastique usagé.

Josiane Mambou Loukoula

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 et 2: Crédits Photo DR

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