Sahel : augmenter les rendements agricoles pour répondre aux besoins de la population

Vendredi 5 Octobre 2018 - 14:30

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Les pays de la région, le Niger, la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso et le Tchad, doivent relever le défi de nourrir leur population appelée à doubler d'ici à 2050.

Les sols du Sahel sont en général pauvres, avec des températures extrêmes. Ce qui fait augmenter des contraintes pour l'agriculture de cette région avec des fenêtres de semage étroites. Ce qui a amené la population locale à développer des stratégies agricoles uniques. A cela s'ajoutent des facteurs sociaux économiques. D'où des grands défis pour contrer le changement climatique, aux effets amplificateurs, demandant un système unique de captage d'eau, pendant la saison des pluies.

Par ailleurs, la population africaine est appelée à doubler d'ici à une trentaine d'années et compter cinq milliards d'habitants d'ici à 2100. Ce qui risque d'avoir des conséquences incalculables, notamment au Sahel. Le cas du Niger, dont la natalité atteint 7,6 enfants par femme, l’un des indices de fécondité les plus élevés au monde et classé avant-dernier sur l’indice de développement humain de l’ONU. Or l'offre alimentaire risque d'être insuffisante pour nourrir cette population, à cause d'éventuels déficits saisonniers, dus à des problèmes climatiques ou d’accessibilité.

Alain Billand, chargé de mission au Cirad, indique que le principal frein à l’alimentation n’est pas le manque de production agricole mais le manque d’accessibilité et de moyens. Pour une large partie de la population, la nourriture demeure trop chère. Concernant l’accessibilité, le manque de nourriture le plus criant se fait sentir dans les zones occupées par Boko Haram. Aujourd’hui, la disponibilité des terres arables commence à être problématique, note-t-il, toutes les bonnes terres étant cultivées et l’espace cultivable n’étant pas infini pour nourrir le Sahel, il pense qu'il va falloir augmenter les rendements agricoles. Or le Sahel n’a pas les moyens pour lancer des cultures intensives en plein désert. La force de travail agricole, restant encore les bras. Ce qui pose aussi la question de la malnutrition, notamment chez les enfants. Le chargé de mision au Cirad souligne l'enjeu des semences utilisées. Une grande partie étant d’origine paysanne, comme le mil ou le sorgho et bien adaptés au sol. Cependant, ces semences ne permettent pas une productivité très élevée.

Pour avoir une alimentation équilibrée, Alain Billand appelle à développer l’agriculture de proximité, notamment en ville, où la population africaine se concentre de plus en plus. "Les jeunes paysans sahéliens n’ont plus envie de rester au village. Donc ils partent en ville et deviennent souvent des miséreux car il n’y a pas eu en Afrique de développement de l’emploi industriel ou tertiaire comme en Europe ou en Asie", souligne-t-il. Une installation en ville souvent synonyme de pauvreté. Donc il faut inventer autre chose, précisément dans les pôles urbains régionaux. Alain Billand suggère de développer l’agro-écologie, avec les outils numériques. Il rappelle la Déclaration de Ouagadougou et huit priorités pour le développement agricole du Sahel qui prévoit la mutualisation du savoir pour accélérer la recherche de solution. 

Noël Ndong

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